Le jour des morts est le 2 novembre mais traditionnellement , les familles chrétiennes ont fait de la fête de tous les saints - la Toussaint- le 1er novembre leur jour de commémoration des défunts; profitant du jour férié , elles vont honorer leurs défunts , fleurir leur tombe et souvent se retrouver en famille au cimetière.
Et ainsi, dans les campagnes comme en ville , les cimetières se parent d'une symphonie de couleurs où le chrysanthème est roi :
Et puis , il y a les tombes délaissées dans les cimetières abandonnés.
Au gré de mes promenades je m'y arrête parfois : qui étaient ces défunts , comment ont ils vécu ? qu'est devenu leur famille ?
Là , cet été , c'était dans le Vallespir , au pied de la chapelle romane St Martin dans les collines :
Sans nom ni date , l'oubli dans la paix de Dieu
Parfois , une plaque a résisté au temps , la tombe a été préservée , sans doute un effet de la dévoion des paroissiens et la marque de leur attachement à leur ancien pasteur comme ici , à Eus dans le Conflent :
Une tombe encore lisible, un siècle plus tard...
La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil, je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?
" La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse..."
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal