Sub aqua

Jésus marchait sur les eaux , Nicéphore aux semelles de plomb a marché sous les eaux ; les eaux du Rhône précisément, avant hier, lors de la traversée inaugurale du tunnel de 1,8 km qui prolonge le métro B de Lyon à la ville d'Oullins , de l'autre côté du fleuve .

l'essentiel du tunnel a été creusé par un engin de 70 m de long , un tunnelier à injection de boue  :

en voici la maquette , le photographier en entier était impossible 

et le voici au départ de la percée :

comme j'étais aussi à son arrivée de l'autre côté , voici la chute de la dernière paroi :

c'était au mois de mars 2011 et en septembre , le tunnel est fait mais pas terminé puisque la visite est organisée juste avant la pose des rails et de tous les circuits d'une ligne de métro.

Le tube du tunnel est fait de voussoirs en béton :

Ces voussoirs sont posés au fur et à mesure de son avancée par le tunnelier  au moyen de puissants vérins hydrauliques  : en pratique le tunnel est construit , étanchéifié complètement à l'arrivée du tunnelier; ce qui donne une voûte parfaitement étanche dès le départ:

le tunnel n'est pas plat tout du long comme ci dessous :

en fait, il  épouse une pente maximale de 6% pour pouvoir passer suffisamment en dessous du Rhône , le point le plus bas étant à - 40 mètres

au point le plus bas , on aperçoit la remontée vers la sortie .

Pendant 3 jours  35 000 personnes devraient traverser le tunnel ; les personnalités , elles , étaient conviées le premier jour . Au hasard des rencontres , Nicéphore , paparrazi de hasard , en a mis deux dans la boite :

le maire de Lyon, Gérard Collomb, dit Gégé, et un autre que vous reconnaîtrez facilement :

Vous savez pas qui c'est ? on l'entend chaque matin sur RTL... enfin ceux et celles qui ne se lèvent pas à l'aube pour aller travailler ; il cause vers 8h45 .

Et voilà, le chantier sera terminé fin 2013.

Nicéphore qui ne marche pas sur les eaux comme Jésus mais que sous l'eau et sans palmes, parvient quand même à se glisser derrière les affiches pour vous prouver qu'il est bien passé au point le plus bas.

 

Agacement

 

Il y a des trucs qui m'agacent , par exemple :

- les 14 pages de Libération pour saluer  Steve Jobs  (sans compter les fleurs déposés par des tas de pingouins devant les Applestores ).

Faut pas exagérer , même Mère Téresa ou l'Abbé Pierre n'en ont pas eu autant; Steve Jobs était un inventeur de génie mais de là à en faire un bienfaiteur de l'humanité, c'est pousser  un peu loin la dithyrambe .( cf à ce sujet le billet de Authueil beaucoup mieux torché que le mien d'ailleurs sur le sujet) .

Il dit comme moi , in fine,"il n'y a que les gogos qui vont déposer des fleurs devant ses magasins".

on n'arrête pas le commerce ....

- le droit de retrait des contrôleurs de la SNCF : l'agression violente subie par un contrôleur a entrainé la paralysie de tout le réseau de la SNCF pendant deux jours .Fallait voir la pagaille dans les gares et le désarroi de milliers de voyageurs laissés en rade brusquement.

Bien sûr , il faut renforcer la sécurité dans les trains , bien sûr le travail des contrôleurs est souvent difficile mais pour autant , fallait il invoquer le droit de retrait ?

Non, le droit de retrait est une disposition du code du Travail qui dispose que le salarié confronté à un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, a le droit d'arrêter son travail et, si nécessaire, de quitter les lieux pour se mettre en sécurité.

En quoi les contrôleurs du sud est ou du nord de la France étaient confrontés à un danger grave et imminent alors que l'agression, acte isolée , a eu lieu vers Besançon ?

C'est un abus de droit caractérisé ; si ces travilleurs estiment que leur sécurité et celles des voyageurs (oui, quand même,eux aussi) n'est pas suffisamment assurée  par la SNCF, il existe un droit de grève qui suppose un préavis , une obligation de service minimum, grève qui, certes gênera les usagers mais au moins , étant annoncée , ne les prendra pas au dépourvu .

- le titre de l'article d'un journal sur le match de rugby France Angleterre qui disait à peu près : "une occasion d'entrer dans l'Histoire ".

Rien que ça !

Dérisoire ; à se tordre . Bon , ils ont gagné , c'est au moins ça . Quant à l'histoire on ne l'enseigne quasiment plus dans les programmes rénovés des lycées et collèges .

 

Quoi d'autre encore , ah, oui, Ségolène ...non, pas cette fois , elle va perdre les primaires et la France va y gagner.

Enfin, c'est mon avis .

A vous maintenant, si vous êtes arrivés jusque là, d'être agacés par les agacements de Nicéphore ; de toutes façons , je m'en f...., j'suis en vacances .

 

Doré sur tranche

"Doré sur tranche ", vous avez bien lu mais ce n'est pas moi;  j'ai découvert l'art de la dorure pendant les journées du patrimoine dans l'atelier aimablement ouvert d'une doreuse  et à la feuille d'or , évidemment .

Travail d'une minutie extrème mais dont l'art remonte à la plus haute antiquité (cf. par exemple le trésor de Toutankhamon ).

Il existe deux techniques principales de dorure à la feuille: La dorure à la détrempe et la dorure à la mixtion.

La dorure à l'eau ou à la détrempe est le procédé traditionnellement utilisé sur le bois.Ce procédé nécessite une vingtaine d' opérations successives .

La technique a peu changé depuis le Moyen Age même si des matériaux modernes sont maintenant utilisés  comme le silicone, pas pour dorer mais pour reconstituer les parties de cadre endommagées.

Ainsi, le doreur utilise la pierre d'agate  pour faireressortir l'éclat de la feuille d'or sur les reliefs , le pinceau à poil de sanglier pour aplatir dans les creux ou, selon les cas la palette en poil d'écureuil gris .

Et à la base de tout le travail un mélange de blanc d'Espagne ( de la poudre de calcaire, plus précisément de carbonate de calcium ) et de colle de peau de lapin : et oui de lapin !

En images , quelques gestes , avec un peu de flou , hélas mais il y avait du monde  !

Palette de travail de la feuille d'or

Les feuilles d'or ne font que 3 à 4 microns d'épaisseur pour les cadres ; elles sont fournies dans un carnet et insérées entre les feuilles de papier fin ; le doreur  en prend une et la pose sur sa palette , la découpe à la taille souhaitée avec le petit couteau à bout rond (  en bas à gauche ) ; elle ne doit pas être touchée avec les doigts  qui la terniraient ou laisseraient des traces grasses .

la manipulation de la feuiile d'or

( c'est un peu flou , nicéphore déjà sénile ? )

application de la feuille d'or avec un pinceau en poil de  sanglier

application de la feuille d'or au pinceau en poil d'écureuil gris

Une pierre d'agate pour rehausser l'éclat de la feuille d'or sur les reliefs du cadre   ( photo Villaret)

 

Eté indien

Fait chaud sous ma fourrure ; heureusement que mon gentil maître m'a prété son paletot !

Ah, mon bon nicéphore, y'a plus d'saisons...

Fanées

Les couleurs ne sont pas commes les amours : quand elles se fanent, pas d'amertume mais le plus souvent un plaisir de l'oeil quand les autres s'ensevelissent dans les souvenirs .

Enfin, pas toujours....

 

là, une vieille barque flattée par le soleil du sud

et que le marin ne se résoud pas à mettre en pièces

Départ

Demain

Âgé de cent-mille ans, j'aurais encore la force
De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir: neuf est le matin, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.

    Robert Desnos (État de veille, 1942)