La commération de la Grande Guerre apporte chaque année son lot de documents à lire ou à regarder ; cette année , je me fends d'une petite liste pour les amateurs qui partagent mon goût pour cette période sanglante de l'histoire en évitant les grands classiques ("Les Croix de Bois" de Dorgelès - "Ceux de 14" de Maurice Genevoix, "Le Feu" de Henri Barbusse, "La peur" de Gabriel Chevallier , etc...)
livres souvenirs :
Un témoignage étonnant sur la guerre vue de l'arrière , extrèmement précis mais souvent monotone; Edouard Coeurdevey qui écrit dans une langue remarquable , était chargé d'opération d'intendance à un poste de responsabilité ; un point de vue intéressant et inhabituel.
Un récit hallucinant ( le mot est faible) d'un médecin en première ligne , l'avers du remarquable "Vie des Martyrs" de Georges Duhamel.
Ces deux ouvrages sont parus récemment (en 2009, je crois ) et sont disponibles ; plus ancien mais encore en vente un peu partout, les souvenirs de Louis Barthas , tonnelier de Peyrac - Minervois
Ces carnets sont le témoignage dur et impitoyable mais ô combien lucide d'un homme de troupe , qui dénonce dans un récit fort l'absurdité de la guerre et du commandement ; la misère des soldats est la sienne et il la restitue dans une langue simple et pleine de colère. Sans doute le cri d'indignation le plus fort et le plus émouvant contre cette grande boucherie.
et deux raretés :
Maurice Laurentin, capitaine au 268ème d'infanterie, était le père de Ménie Grégoire ; ses carnets sont illustrés de remarquables dessins executés sur le champ de bataille ; un récit de haute tenue , clair et serein .On le trouve encore mais d'occasion;
Un blog lui est consacré avec de nombreuses photographies qu'il avait prises lui même .
Vécus en première ligne, les souvenirs de Tezenas du Montcel sont ceux d'un officier de haute tradition, pour qui la notion de devoir est au premier rang de ses exigences mais tempéré par un humanisme constant et un grand souci pour la souffrance de ses hommes . Sa description des combats est précise et très vivante.
Sans doute introuvable en librairie depuis de nombreuses années , je l'ai déniché chez un bouquiniste de la place Arnaud Bernard à Toulouse.
les romans policiers
de nombreux auteurs ont situé leurs intrigues dans le cadre des combats de 14-18, certains ont également inspiré des auteurs de bande dessinée
Didier Daeninckx est un maître dans cet exercice et la transcription en BD par Tardi est remarquable (mais Tardi l'est dans tous ses albums !), c'est un polar noir !
Patrick Pecherot est aussi un spécialiste dans le genre , son "Tranchecaille" est tranchant comme une lame .
Plusieurs livres chez Folio Policier de Thierry Bourcy mettent en scène le front et ses combats comme décor des enquêtes d'un jeune policier parisien, Célestin Louise; les intrigues sont bien menées et l'atmosphère des combats , moins directement présente que chez Pécherot, est cependant plutôt bien restituée.
La photo de couverture est très connue ; je n'ai pas pu en retrouver l'origine pour savoir si elle avait été réellement prise sur le vif ou si elle est extraite d'un film sur la guerre de 14-18; si quelqu'un peut m'éclairer ....
Une intrigue très mouvementée , peu réaliste comme tout roman d'aventure mais dont une grande partie se passe sur le front ; un roman très agréable à lire .
la Bande dessinée
les récits de guerre en BD sont plus récents ; les maîtres , à mon sens , sont Tardi pour le dessin et Verney pour le scénario et la documentation:
Plus encore que les récits laissés par les combattants aussi réalistes et bien écrits qu'ils aient pu l'être , c'est véritablement dans les dessins de Tardi et les commentaires de son héros , que l'horreur de cette guerre est montrée avec le plus de force , dans toute son absurditév et sa crudité.
Pas la peine de philosopher , la bande dessinée est un art du récit exceptionellement puissant , quel que soit le genre abordé.
Une autre série , très réaliste également , moins descriptive que Tardi et Verney mais au dessin d'une très grande qualité , en trois complaintes, par Mael et Kris aux éditions Futuropolis :
la couverture représentant des soldats abrités dans une église en ruine n'a rien d'imaginaire, on connait de nombreuses photos d'époque d'une scène similaire .
Là, je m'arrête , vous êtes peut être déjà lassés par cette énumération et encore , j'ai abrégé les références .
Un ouvrage dont je n'ai pas parlé et qui vient de sortir est l'édition du "Carnet de guerre" de Louis Pergaud : coïncidence avec la sortie des deux films tirés de "La guerre des boutons "?
Sans doute !
Ce sera le sujet d'un prochain billet .