Louis Pergaud
Dans mon billet du 11 novembre , j'avais annoncé un mot prochain sur Louis Pergaud à l'occasion de la publication de son "Carnet de guerre" aux éditions le Petit Mercure du Mercure de France .
l'ouvrage coûte un peu plus qu'un sandwich mais guère plus - 6,80 € - une tranche de pain en plus en quelque sorte .
Je ne reviendrai pas sur le personnage que , je pense , tout le monde connait , écrivain savoureux et fabuleux conteur de la nature , auteur désopilant de "La guerre des boutons " , prix Goncourt 1910 pour "De Goupil à Margot" , il fut de la génnération de ces génies sacrifiés tels Alain Fournier et son "Grand Meaulnes " , disparu lui aussi comme Charles Péguy en septembre 1914 .
Sous-lieutenant au 166ème régiment d'infanterie, et plutôt antimilitariste, il n'arborait pas cette idée du sacrifice qu'a chanté Péguy dans ses poèmes , notamment "les Epis mûrs" , rappelez vous :
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"Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles
Couchées dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts dans un dernier haut-lieu
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles."
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Non, Louis Pergaud , s'il se bat avec courage déteste cette guerre , sa folie meurtrière et la connerie des généraux .
Ainsi sa lettre du 19 mars 1915
“Aujourd’hui 111 morts, 150 blessés et autant de disparus. Et pourquoi ? Pour que le con sinistre qui a nom Boucher de Morlaincourt ait sa troisième étoile. La prise de Marchéville ne signifie rien, rien. Il est idiot de songer à prendre un village et des tranchées aussi puissamment retranchées avec des effectifs aussi réduits, chaque poilu fût-il brave comme trois lions. Le soir, la première compagnie seule doit recommencer l’opération. C’est ridicule et odieux”. Louis Pergaud (19 mars 1915)
On est dans le ton du terrible film de Stanley Kubrik, interdit 25 ans en France , "les sentiers de la gloire" .
Un mois après, sa compagnie fut décimée. Piégé par les barbelés, porté disparu, il fut emmené par l’ennemi à l’hopital de Fresnes-en-Woëvre. Lequel fut peu après détruit par un tir de barrage de l’armée française. Son corps n’a jamais été retrouvé. Le 4 août 1921 Louis Pergaud est déclaré « Mort pour la France ».
Certaines versions relatent que c'est avant même d'être évacué , allongé derrière la tranchée allemande en attendant que les brancardiers puissent l'emmener au poste de secours avec les autres blessés que le tir de barrage a tout foudroyé .
Qu'importe , quel gâchis !
Louis Pergaud avant la guerre (1882-1915)