Santa Maria del Popolo (suite)
Comme promis quelques mots de présentation encore de cette église dont l'extérieur ne paye pas de mine mais qui contient à l'intérieur , une série de chefs d'oeuvre qui, à eux seuls , valent une longue visite .
Dans l'ordre, des sculptures du Bernin, et des toiles du Pinturrichio, d'Annibal Carrache et surtout deux oeuvres majeures du Caravage .
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Le Bernin, moins connu que Michel Ange (1475-1564) , et qui lui est postérieur (1598-1680) est le sculpteur baroque par excellence ; surtout connu par le baldaquin dans le choeur de la basilique Saint Pierre de Rome, il a réalisé des chefs d'oeuvre dont beaucoup sont à Rome , dans la ville ( la fontaine de la place Navone , par exemple ) ou dans les églises , à la villa Borghèse , etc...
J'aimais Michel Ange , je crois lui préférer Le Bernin tant la grâce , la beauté , l'élégance des ces sculptures , toutes en mouvement , en finesse d'exécution, en effet d'illusion, sont exceptionnelles .
Dans Santa Maria del Popolo, deux chefs d'oeuvre , moins connu que sa Ste Thérèse en extase ou Apollon et Daphné (cette dernière, à la villa Borghèse ), Daniel et le lion et Abacuk et l'ange
Le Pinturrichio (1454-1513), artiste de l'école Ombrienne, élève du Pérugin, peintre délicat , est représenté par de lumineuses fresques au plafond et par une fort belle Adoration de l'enfant , dans de délicats tons de vert et brun :
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Annibal Carrache (1560-1609) contemporain et concurrent du Caravage , dans un style complètement opposé, a peint au dessus de l'autel l'Assomption de la Vierge aux couleurs éclatantes:
Le Caravage (1571-1610) a laissé dans l'église deux chefs d'oeuvre majeurs , puissants , lumineux, forts comme la plupart de ses toiles ; on traverserait Rome à pied rien que pour voir ces deux tableaux ; c'est ce que je fais , d'ailleurs mais on oublie vite le mal aux pieds .
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La conversion de St Paul avec ce jeu génial de lumière, la lumière divine qui montre la voie de la rédemption à Paul: Le Caravage , contre toute les conventions illumine principalement le cheval qui occupe la plus grande place de la toile , Paul n'étant éclairé que par ricohet .Tout l'art du Caravage , outre son traitement formidable de la lumière , est là dans ce refus des conventions qu'il a manifesté dans la plupart de ses oeuvres (cf in fine , par exemple , les pieds sales du pélerin dans la Madone aux Pélerins, vierge à qui il a donné le visage de sa maîtrese , une célèbre courtisane de Rome ).
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La Crucifixion de St Pierre, composition en diagonale qu'il affectione, ne montre que trois brutes , aux visages à peine visibles , qui supplicient un vieillard tout en lumière; une scène banale à l'époque mais rien de sublime alors qu'il s'agit du fondateur de l'église ...
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L'église a bien d'autres attraits esthétiques : la chapelle Chigi a été conçue sur des plans de Raphaël, une merveille d'harmonie; Sansovino a réalisé les deux magnifiques tombeaux du transept, Sebastiano del Piombo (1485-1457) , un superbe retable de la Nativité et j'en passe ...
Pour la petite histoire, l'église a été édifiée sur l'emplacement d'un noyer qui avait poussé sur la tombe de Néron; selon la légende l'arbre aurait été infesté de démons et le bon peuple d'obtenir qu'un pape le fisse abattre et édifier une chapelle devenue par la suite l'église actuelle construite de 1472 à 1477 par Sixte IV.
Des bas reliefs ornent un arc dans le choeur montrant le pape Pascal abattant un noyer ... bon, mea culpa, je n'y ai pas fait attention, je verrai ça la prochaine fois , puisque, ayant jeté une pièce dans la fontaine de Trévi , je reviendrai à Rome ; en fait , j'en ai jeté deux mais pour la deuxième, nenni, je ne dirai pas pour quel voeu, non mais !
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Avant de cesser de vous lasser avec toutes ces bondieuseries , voici la fameuse toile du Caravage évoquée supra , la Madone aux pélerins , dite aussi , par souci de convenance à l'époque, la Madone de Lorette - lors de son accrochage dans l'église San Agostino pour laquelle elle avait été commandée, elle avait suscité un tollé parmi les gens du peuple, choqués par la rudesse des figures , la saleté des pélerins et, il faut le dire aussi, par la madone , représentée sous les traits de Maddalena Antonetti dont la pose alanguie (regardez la position de ses jambes , ,croisées) laissait trop apparaître l'activité principale.
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Toujours cette "fidélité au vrai" pratiquée par le Caravage .