sans voix

 

Rembrandt - "La Fiancée juive" - 1667 - ( 121,5x166,5 cm) -Risjksmuseum - Amsterdam

"La Fiancée juive"me laisse sans voix  à chaque fois que mes yeux s'y  posent .

Heureusement , une banquette est posée juste devant , on ne la voit pas sur la photo, et pour cause , j'y reprenais mon souffle .

Somptuosité des costumes, explosion d'or et de rouge ,  dans un halo brun doré  qui baigne toute la toile et renforce cette atmosphère de paix et de sérénité de cette scène intime , où la tendresse est dans chaque geste .

On ne sait qui est ce couple ; on a pensé longtemps au fils du peintre  mais des recherches récentes auraient identifiés le poète Daniel de Barrios , un ami du peintre et sa femme, Abigaêl de Pina.

Qu'importe, eux ou d'autres , c'est vous, moi, avec l'être aimé , dans une attitude intemporelle de communion intense .

Lui, debout, dans une posture somme toute très masculine , laisse une main légère sur l'épaule qu'il entoure d'un bras protecteur , l'autre main est posée délicatement sur le coeur , comme pour en suivre les battements, une caresse silencieuse , je suis là, je te garde...

 

Son regard ne la regarde pas , il glisse sur elle et l'enveloppe, il la voit par le seul contact de son bras et de sa main posée.

Elle, elle a le regard un peu absent comme pour mieux sentir la douceur qui l'enveloppe et, prodigieux génie de Rembrandt, cette main qui remonte à la rencontre, du bout des doigts seulement, de la main de son compagnon...oui, je sais que tu m'aimes , tu es là et tu me protèges semble t - elle nous dire.

Pas de sourire ou à peine esquissé, le moment est au delà de l'indicible.

 

Ce geste, la tendresse infinie qui imprègne l'atmosphère de cette scène sont proprement bouleversants.

Tout le génie de Rembrandt est là , dans cette spiritualité qui inonde la toile et éclipse les apparences que capte le premier regard, la somptuosité des étoffes , la richesse des couleurs, on ne voit plus rien d'autre que ce couple qui s'aime tendrement , vous vous voyez peut être, nous nous voyons aussi; on sent ces doigts qui effleurent votre main comme aujourd'hui encore peut être , vous sentez ce bras posé sur votre épaule .

Heureusement  disais je , une banquette permet de s'asseoir, devant, juste devant.

Reste à donner des coups de pied à ces importuns qui viennent se planter devant vous .

Z'ont rien compris , ceux là !