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Rimes gauloises

Ce que j'aime au printemps je te veux dire mesme :
J'aime à flairer la rose, et l'oeillet, et le thym;
J'aime à faire des vers et me lever matin
Pour, au chant des oiseaux, chanter celle que j'aime,


En été, dans un val, quand le chaud est extresme,
J'aime à baiser sa bouche et toucher son tetin;
Et, sans faire autre effet, faire un petit festin,
Non de chair, mais de fruit, de fraises et de cresme:


Quand l'automne s'approche et le froid vient vers nous.
J'aime avec la chastaigne avoir le bon vin doux
Et, assis près du feu, faire nue chère lie.


En hiver, je ne puis sortir de la maison
Si n'est au soir masqué; mais en toute saison,
J'aime fort à coucher dans les bras de ma mie.


Olivier de Magny

 
Originaire du Sud ouest - il est né en 1519 à Cahors dans le Quercy - et amoureux, plus tard, de la Belle Cordière - la lyonnaise Louise Labbé -  voilà de bonnes raisons de vous mettre en bouche ces vers savoureux d'Olivier de Magny.
Il fut le contemporain de Joachim du Bellay ( "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage"...)  et de Pierre de Ronsard ( celui de "Mignonne allons voir si la rose ...." ) et mourut vers 1560. Ses poèmes les plus connus, principalement sous forme de sonnets, sont contenus dans ses recueils " Les Amours" et "les Soupirs ".
 
 
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Ses amours avec Louise Labbé sont restés dans la chronique; il ne fut pas le seul aimé de la Belle Cordière et la fin de leur liaison ne laissa pas de lui meurtrir le coeur .
 C'est en  évoquant leurs amours , que Louis Aragon écrivit ces vers légers et tendres :
 
Je l'imagine, elle a les yeux noisettes
Je les aurais pour moi bleus préférés
Mais ses cheveux sont blonds comme vous êtes
O mes cheveux mordorés et dorés
 

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J'ai déjà évoqué la Belle Cordière dans un billet précédent; laissons la  ce soir sur ces vers brûlants
 Je vis, je meurs: je me brûle et me noie, 
 J'ai chaud extrême en endurant froidure; 
 La vie m'est et trop molle et trop dure, 
 J'ai grands ennuis entremélés de joie. 
   
 Tout en un coup je ris et je larmoie, 
 Et en plaisir maint grief tourment j'endure, 
 Mon bien s'en va, et à jamais il dure, 
 Tout en un coup je sèche et je verdoie. 
   
 Ainsi Amour inconstamment me mène 
 Et, quand je pense avoir plus de douleur, 
 Sans y penser je me trouve hors de peine. 
   
 Puis, quand je crois ma joie être certaine, 
 Et être en haut de mon désiré heur, 
 Il me remet en mon premier malheur. 

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