Rimes
Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes.
Qui inscrit ton nom avec des lettres
de fumée parmi les étoiles du Sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment
tu étais alors, quand tu n'existais pas encore. [...]
Maintenant, maintenant aussi, petite,
tu m'apportes du chèvrefeuille,
et jusqu'à tes seins en sont parfumés.
Pendant que le vent triste galope en tuant des papillons
moi je t'aime, et ma joie mord ta bouche de prune.
Ce qu'il t'en aura coûté de t'habituer à moi,
à mon âme esseulée et sauvage, à mon nom que tous chassent.
Tant de fois nous avons vu s'embraser
l'étoile du Berger en nous baisant les yeux
et sur nos têtes se détordre
les crépuscules en éventails tournants.
Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
Depuis longtemps j'ai aimé ton corps
de nacre ensoleillée.
Je te crois même reine de l'univers.
Je t'apporterai des fleurs joyeuses
des montagnes, des copihues,
des noisettes foncées, et des paniers
sylvestres de baisers.
Je veux faire avec toi
ce que le printemps fait avec
les cerisiers.
Pablo Neruda - l'Amour en rime - extrait