Les hypocrites
L'hommage à Annie Girardot est unanime , chacun y est allé de sa larme et au Père Lachaise , la profession se bousculait.
Je pourrais parodier Coluche et dire "je me marre.." si ce n'était pas triste et de voir disparaitre une actrice de talent, diminuée sur la fin de sa vie et cette bande d'hypocrites qui l'a oubliée pendant 20 ans au moins, pas un bon rôle , pas un César enfin si, tardivement, un pour le melleur second rôle, une aumône , quoi !
Rappelez vous cette apparition poignante aux Césars des faux culs il y a quelques années où, chancelante et tordue d'émotion , elle était venue dire " vous m'avez tellement manqué " ou quelque chose d'approchant.
Je n'aimais pas cette actrice plus que ça car je n'aimais pas son jeu ni les rôles qui lui ont été confiés au zénith de sa carrière mais j'appréciais sa personnalité , tout du moins celle que les acteurs font apparaître au public.
Mais je l'avais adoré dans un de ses premiers films , jamais rediffusé à ma connaissance , un film de Marcel Carné - Trois chambres à Manhattan - 1965 - d'après le roman de Simenon, Simenon qui en fut d'ailleurs le co-scénariste .
Elle y éclatait de talent, de spontanéité et de justesse dans sa beauté de femme amoreuse d'un Maurice Ronet séduisant, autre grand acteur , un peu oublié aussi et que je n'ai jamais aimé tout en lui reconnaissant un talent remarquable .
Et dans "Rocco et ses frères " de Visconti (1960) où elle est magnifique, qu'attend-on pour le re-passer sur les lucarnes ?
Il y a longtemps que je ne regarde plus les Césars, les lauréats qui se perdent en discours crétins , des jurés qui attendent qu'il ait 80 ans pour reconnaître un immense acteur comme Michael Lonsdale par exemple , bref, c'est pas mieux que les Oscars qui n'ont donné un oscar à John Wayne qu'à la fin de sa carrière (oui, oui, pour moi, il reste un immense acteur).
Mais je m'égare; Annie Giradot méritait mieux que le traitement qui lui a été réservé pendant toutes ces années alors même qu'elle n'a jamais cessé d'être une des actrices préférées des Français.
On comprend mieux le coup de colère de Brigitte Bardot ; vous le lirez ici
dans "Rocco et ses frères"