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Quelques feuilles

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Ces feuilles qui jonchent les rues et les chemins éveillent comme un écho ce poème de Lamartine " Pensée des morts" , à la naissance du romantisme que Georges Brassens a si magnifiquement mis en musique  au point que je ne m'en récite plus les premiers vers mais que je les fredonne, comme quoi c'est encore en musique que la poésie se dit le mieux et qu'au lieu de faire annonner les élèves au tableau, les maîtres pourraient les faire chantonner .

"Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon
voilà l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voilà l'enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forêts"

.................................

 

En fait , Georges Brassens n'a pas repris toutes les strophes du poème ; il n'a gardé essentiellement que les vers à connotation naturaliste et n'a pas repris celles aux références chrétiennes comme, par exemple , les deux ci dessous :

Ils furent ce que nous sommes,
Poussière, jouet du vent !
Fragiles comme des hommes,
Faibles comme le néant !
Si leurs pieds souvent glissèrent,
Si leurs lèvres transgressèrent
Quelque lettre de ta loi,
Ô Père ! ô Juge suprême !
Ah ! ne les vois pas eux-même,
Ne regarde en eux que toi !

........................


Mais toi, Seigneur, tu possèdes
Ta propre immortalité !
Tout le bonheur que tu cèdes
Accroît ta félicité !
Tu dis au soleil d’éclore,
Et le jour ruisselle encore !
Tu dis au temps d’enfanter,
Et l’éternité docile,
Jetant les siècles par mille,
Les répand sans les compter !

La chanson compte sept strophes , le poème en compte trente si j'ai bien compté

Decaisne Henri - Alphonse de Lamartine.jpg

J'aime depui toujours la poésie de Lamartine mais pas dans son intégralité ; autant il atteint parfois au sublime , autant  il est (le plus souvent hélas ) , interminablement assommant ; de lui, André Gide écrivait dans sa remarquable anthologie de la poésie fraçaise :

" Il a des départs prestigieux et je ne connais rien qui puisse être comparé aux premiers vers du Lac ou du Vallon; mais son essor atteint aussitôt son plafond; hauteur où il plane ensuite inlassablement ( ou du moins ne lassant que le lecteur), sans sursauts,sans nouveaux coups d'ailes..."

Mais Gide corrige ensuite en convenant que plus de rigueur , et en cédant moins à la facilité lamartine aurait pu rester sur les sommets : ."....et c'est dans ses poèmes de jeunesse que nous trouvons les plus beaux accents.Par la suite, il se répète sans cesse..."

En effet et quoi de plus fastidieux que la lecture de l'interminable "Chute d'un Ange"...mais, bon, il y a le reste  les "Méditations poétiques" et  je ne me lasse pas de relire ses plus beaux poèmes avec autant de plaisir que j'aime à me promener dans ces vallons du Mâconnais , passant entre les vignes , arpentant les bosquets, dans ces paysages familiers où il puisait une grande partie de son inspiration.

Dans son oeuvre immense, que de merveilles , ainsi les premiers vers du Soir:

Le soir ramène le silence.
Assis sur ces rochers déserts,
Je suis, dans le vague des airs,
Le char de la nuit qui s’avance.

Vénus se lève à l’horizon ;
À mes pieds l’étoile amoureuse
De sa lueur mystérieuse
Blanchit les tapis de gazon.

 

Il était né à Mâcon en 1790 , il mourut à Paris en 1869 et repose près de son chateau de Saint Point  dans le Mâconnais .

Gardons nous de nous arrêter au jugement d'André Gide ; l'oeuvre de Lamartine - considérable : 127 volumes - contient des chefs d'oeuvre de la poésie et ses Méditations poétiques ont  marqué une rupture dans la poésire française ,  ouvrant sur le romantisme et ont influencé nombre de poètes après lui .

Ce qu'on connait moins de lui est son rôle politique , important entre la monarchie de juillet et le second empire et sa vision sociale très marquée et sincèrement assumée. En fait, le personnage , élégant , grand séducteur et cavalier émérite est d'une grande richesse humaine pour peu qu'on essaie de dépasser ce qu'on retient habituellement de lui le .."O temps suspends ton vol"  ou "un seul être vous manque et tout est dépeuplé...".

Si l'interprétation de Georges Brassens vous tente, vous devriez la trouver sous ce lien.

 

blog feuilles de platane - P1010946.jpg


 

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