Le naufrage de Thémis
Themis est la déesse de la Justice dans la Mythologie grecque ; elle est souvent, aujourd'hui hélas, la victime pantelante de nos lâchetés et de nos insuffisances .
Quand je dis "nous", je pense plus à nos politiques qu'aux simples citoyens que nous sommes .
Depuis si longtemps , elle manque de moyens et ne répond pas aux attentes des citoyens , elle est lente souvent , partiale parfois incompréhensible et, paradoxalement dans l'opinion, pas assez sévère pour certains crimes et délits.
Et pourtant , de nombreux pays nous l'envient ; les déboires de Carlos Goshn au Japon donnent à penser quoiqu'il ait à se reprocher.
Cela dit pour évoquer en deux mots l'affaire Matzneff.
Comment a t on pu ignorer aussi longtemps - au sens de ne pas en faire de cas - les agissements pervers et condamnables d'un homme qui s'en vantait ses oeuvres .
Il était temps que le Parquet de Paris s'en saisisse ..ah, ah, ah ! cela dure depuis 30 ans.
On l'a vu plus rapide pour sauter sur François Fillon...pour , d'ailleurs, n'amener la procédure devant un tribunal pas moins de 3 ans après .
Ce qui me heurte , c'est l'impunité médiatique et judiciaire dont a profité Matzneff pendant plus de trente ans et, pire encore le soutien avéré, renouvelé, de personnalités connues, importantes et qui ont porté beau et continuent à le faire.
Je note au passage le pitoyable comportement de Bernard Pivot qui forcément savait et l'a invité quand même dans son émission Apostrophes et la maladresse des explications pour s'excuser.j'avais de la considération pour ce journaliste et bien ...pffuiiiiit.
Comment expliquer cette passivité ; même un observateur aussi averti de la Justice que Philippe Bilger , cet ancien haut magistrat, n'y parvient pas comme il l'écrit dans son blog "Justice au singulier , ici, un billet du 4 janvier dont je me contenterai de ne citer que le passage suivant :
"Comment est-il concevable, admissible qu'au cours des années 70 et 80, alors que Gabriel Matzneff était dans sa gloire et son rayonnement parisien des plus sulfureux, avec une pédophilie revendiquée et des crimes affichés fièrement, au-delà de la complaisance du milieu intellectuel, littéraire et médiatique fasciné paraît-il par l'écrivain, la Justice ait été si scandaleusement inactive (JDD) ?
Un ancien juge des enfants voit sans doute clair quand il souligne qu'"à l'époque les parquets ne s'autosaisissaient pas à partir d'un article, d'un livre et ce genre de personnalité était protégée par le pouvoir politique et l'intelligentsia. La pédophilie était tolérée par une certaine société" (Le Parisien).
Les parquets ne s'autosaisissent pas davantage aujourd'hui sauf pour François Fillon à la suite du Canard enchaîné !
Je ne cesse pas depuis des jours de répondre sur Twitter que magistrat nommé à Lille en 1972 puis à Paris en 1982, après être passé par Bobigny, l'affaire Matzneff m'était demeurée forcément étrangère d'autant plus que je n'avais lu qu'un seul livre de l'écrivain.
J'ai vérifié. Il y a tout de même quelque chose d'hallucinant que sous toutes les présidences, les latitudes politiques, sous quelque hiérarchie judiciaire que ce soit - ministres de la Justice de droite ou de gauche, procureurs et procureurs généraux sous l'égide de n'importe quel pouvoir, des directeurs des affaires criminelles conservateurs ou progressistes - de 1970 à 1990, l'institution judiciaire ait été si indifférente, immobile, scandaleusement passive face à des transgressions gravissimes publiées et célébrées. Je ne peux concevoir qu'aucun magistrat en position de décider, de trancher, n'ait lu à l'époque tout ou partie des journaux intimes de Matzneff et je m'explique mal l'absence totale de réaction de cette institution qui aurait dû être la première à dresser un barrage contre l'ignominie et à la sanctionner.
Mais rien.
Un jour pourra-t-on faire vraiment, avec audace, l'autopsie de ce désastre judiciaire qui a accompagné et suivi un désastre intellectuel et moral, un désastre littéraire ? Ces crimes négligés. Toutes ces complaisances et ces défaillances laissées en jachère."...
C'est bien dit et on ne parle que de Matzneff alors même que le sinistre Frédéric Mitterrand a affiché à maintes reprises ses amusements asiatiques et maghrébins avec des petits garçons et que Cohn-Bendit , cet histrion bouffi, rappelez vous ses déclarations dans une émission d'Apostrophes le 23 avril 1982 :
« Vous savez que la sexualité d’un gosse, c’est absolument fantastique. Faut être honnête, sérieux. Moi j’ai travaillé avec des gosses qui avaient entre 4 et 6 ans. Ben vous savez quand une petite fille de 5 ans, 5 ans et demi, commence à vous déshabiller, c’est fantastique parce que c’est un jeu érotico-maniaque. »
Pauvres types vraiment ! De vrais ordures, plutôt.
Je m'arrête mais il fallait que ça sorte.