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La beauté , encore dans le vol de ces magnifiques oiseaux qui, chaque année , nous reviennent d'Afrique au début du mois de Mai : les Guêpiers (Meriops apaster ).
Chaque année , je surveille leur arrivée , leur installation et j'admire leurs évolutions .
Pas cette année , j'étais enfermé !
Et j'attends encore un peu car il y a trop de monde dehors qui ,c 'est bien naturel, veut rattraper ces deux mois sans nature .
Charles Baudelaire :
.........
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine !
- L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
Hymne à la Beauté - Les Fleurs du Mal
A la conception de Baudelaire, je préfère celle de St Augustin, plus profonde à mon sens , et qui tient en si peu de mots :
"Beauté, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà: tu étais au-dedans de moi quand j'étais au dehors et c'est dehors que je te cherchais ..."
La crise actuelle est révélatrice, notre pays n'est plus dirigé par des chefs mais par des administrateurs , des managers à la tête bien faite, certes, mais à qui il manque l'essentiel: le courage.
Voyez pour le déconfinement : brusquement on re-découvre l'existence des élus locaux et on leur confie le soin d'adapter aux circonstances locales les dispositions du plan de sauvegarde sanitaire; moyennant quoi, les directeurs d'administration et les ministres pondent des circulaires aussi parfaites qu'inapplicables; si les préfets et les maires veulent les mettre en oeuvre...ils ne déconfinent pas; s'ils déconfinent ...ils s'exposent sans protection aux poursuites judiciaires pour mise en danger d'autrui; pour le juge judiciaire, irresponsable et non poursuivable, décider après coup de ce qui était bien ou mal est plutôt commode .
Tout cela n'est rien d'autre qu'une entreprise de défausse de la part de nos dirigeants qui ont montré tout au long de la crise leur imprévoyance et leur incompétence.(cf pour les masques , par ex cet article de Reflets qui fait un excellent historique de cette lamentable affaire).
Nous souffrons de leur manque de courage.
C'est Soljenitsyne, dans son discours de Harvard en 1978, qui explique le mieux notre situation : « Le déclin du courage est ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son sens noble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis (…) Une société qui s’est installée sur le terrain de la loi sans vouloir aller plus haut n’utilise que faiblement les facultés les plus élevées de l’homme. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l‘homme. Et face aux épreuves du siècle qui menacent, jamais les béquilles juridiques ne suffiront à maintenir les gens debout. »
Quel monde livrons nous à nos enfants et aux leurs ?!