triste fin
On voit de tout dans un port; c'est le bout de la route pour ce fier navire; même la lumière de l'été n'effaçait pas la tristesse de cette fin annoncée...
Il se sera perdu le navire archaïque aux mers où baignèrent mes rêves éperdus;
et ses immenses mâts se seront confondus dans les brouillards d’un ciel de bible et de cantiques.
Un air jouera, mais non d’antiques bucolique, mystérieusement parmis les arbres nus; et le navire saint n’aura jamais vendu la très rare denrée aux pays exotiques.
Il ne sait pas les feux des havres de la terre. Il ne connait que Dieux,
et sans fin solitaire, il sépare les flots glorieux de l’infini.
Le bout de son beaupré plonge dans le mystère.
Aux pointes des ses mâts tremblent toutes les nuits, l’argent mystique et pur de l’étoile polaire.
Antonin Artaud 1913
Commentaires
C'est étrange, ce triste navire me rappelle une certaine équipe...
Magnifique poème !
Les cimetières de bateaux on une âme
La vie après la vie, c'est pas rassurant, pour ceux qui nous ont porté sur l'eau