Ma môme
"Ma môme" c'est la chanson qui me fit connaître Jean Ferrat.
Au moment de sa disparition, je me rends compte que ce chanteur de talent était loin de mes tropismes musicaux, qu'il était, en quelque sorte "hors de moi".
Je ne l'écoutais plus beaucoup et la plupart du temps avec agacement quand les programmeurs (abs)cons de la plupart des radios ne savaient nous faire entendre que "la montagne" , cette chanson que j'abhorre .
Et puis me sont revenues toutes celles que j'ai aimées naguère et que j'aime encore autant "ma môme" d'abord , cette chanson de transgression :
Ma môme, ell' joue pas les starlettes
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Ell' travaille en usine
A Créteil
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On va pas à Saint-Paul-de-Vence
On pass' tout's nos vacances
A Saint-Ouen
Comme famille on n'a qu'une marraine
Quelque part en Lorraine
Et c'est loin
et puis les "Deux enfants au soleil" , transport poétique sur le sable des vacances :
La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Les cheveux défaits
Ils se regardaient
Dans l'odeur des pins
Du sable et du thym
Qui baignait la plage
Ils se regardaient
Tous deux sans parler
Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages
Et c'était comme si tout recommençait
La même innocence les faisait trembler
Devant le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amour
et "Ma France "
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
et bien d'autres , avec , bien sûr , les poèmes d'Aragon mis en musique .
Aimer à perdre la raison
Que serais-je sans toi ?
C'est si peu dire que je t'aime
Nous dormirons ensemble , etc, etc....
Quoique je préfère les interpréations de Léo Ferré , je ne me lasse pas de celles de Jean Ferrat ; combien ont découvert la poésie d'Aragon par ses chansons .
Et dans un monde où la parole est trop systématiquement lié , j'aimais que la sienne fût systématiquement libre .