Piétons rois, mon oeil !

" La rue d'Alsace déjà prise d'assaut " titrait la Dépêche du Midi, le très neutre (!!!) et très politiquement objectif (!!!) quotidien toulousain dans son numéro du 17 août en rendant compte de l'avancement des travaux d'aménagement en zone semi piétonne de la grande avenue d'Alsace Lorraine en plein Toulouse.

La Dépêche développe dans son article tous les avantages que ces aménagements procureront aux piétons puisque le trafic automobile sera rendu quasi confidentiel dans cette artère très commerçante du centre ville et que les trottoirs seront élargis  (à neuf mètres dit l'article ) avec, tenez vous bien , une piste cyclable à contre sens en plus !

Je m'en réjouis, les voitures en ville ,moins il y en a mieux on se porte mais pour le piéton impénitent que je fus dans la ville rose pendant quasiment une décennie, je rigole doucement car si les piétons s'imaginent qu'ils vont s'approprier un domaine à eux, ils se trompent: les trottoirs seront là, plus qu'ailleurs, le domaine des vélos comme c'est le cas de plus en plus depuis quelques années .

En fait, il ne fait pas bon être piéton, le nez au vent , dans les rues de cette bonne ville que j'aime, les cyclistes ont fait des trottoirs leur domaine même quand il y a des contre allées pour eux .

De ce fait, être piéton en ville - en tout cas dans la ville rose - m'a toujours semblé un peu risqué ; l'incivilité ( ça c'est l'appellation politiquement correcte ) c'est à dire la connerie crasse de nombreux cyclistes galvaude et dénature les efforts de la municipalité  - celle ci et bien d'autres- qui agit pour rendre la ville plus humaine .

Dieu merci, nos élus s'en préoccupent ...enfin

 

Je suis même enclin à penser qu'en ville, un piéton se protège mieux des voitures que des cyclistes; il est vrai que le vaccin contre la connerie ne figure,hélas, dans aucune panoplie thérapeutique .

 

 

 

 Comme pour les rollers qui se protègent les coudes, la tête, les genoux et même le reste, faudra t-il en venir là pour aller faire ses courses ou acheter son paquet de cigarettes ?

Et dire qu'il y a des cyclistes qui ne mettent même pas un casque sur leur jolie petite tête !

Même la jolie factrice qui remplit ma boite aux lettres  mais là je n'objecte pas: elle a de si jolis couettes... ... 

 Je vous vois venir ,cher(e)s lecteurs(trices) : Nicéphore est anti cyclistes ! point du tout, cf. mes billets précédents où je montrais de façon prétentieusement ostentatoire ma nouvelle monture à deux roues: je roule, le plus possible sur la route, rarissimement sur un trottoir et à Toulouse, comme là où j'habite aujourd'hui, je sors aussi en vélo.

Quant aux piétons, ils sont loin d'être blancs dans l'affaire mais ce sont quand même eux les plus fragiles. 

C'était , vous l'avez compris, la minute cyclopédiquement maussade de Nicéphore, avec un zeste d'humeur et une pincée de mauvaise foi. 

 

Cheval, mon ami

J'aime les chevaux, ceci pour vous expliquer le titre de ce billet, prétexte pour ressortir quelques images que j'avais croquées avant de me séparer de Val du Chateau , mon bel alezan, qu'un pernicieux problème d'articulation a forcé à la retraite dans une grasse prairie des Ardennes .

 

Si vous aimez le cirque et les chevaux, il faut vous précipiter aux spectacles du cirque d'Alexis Grüss, merveilleux homme de cheval et grand dresseur entre tous ; le voici:

 

Dans un exercice plus spectaculaire, une des grandes spécialités de la haute école française et du prestigieux Cadre Noir : la cabriole :

Et , plus bucolique, les petits poulains de l'année qui vont à l'estive avec leur maman, du côté du Mont Mézenc en Haute Loire où le cheval comtois est encore présent dans de nombreux élevages; on est là entre 1100 et 1200 m; et les hivers sont rudes:

Et pour vous laisser sur une note  plus classe un beau cheval blanc dans une écurie belge :

Hé, hé ! il n'est pas blanc mais gris; le cheval blanc est un cheval albinos  ce qui n'est pas le cas de ce superbe hongre, vraisemblablement de race "selle français ".

(photos: nicéphore sauf la cabriole : X )

Madame Sans Gêne

Je vous laisse choisir à laquelle des deux first ladies ce petit épithète ( affectueux , cela va sans dire) est le plus approprié.

 l'américaine ?

la française ?

 

 

 Ah, la vie est dure pour le monde ouvrier ! et le homard , c'est d'un commun!!

Machado

 

" Dormiras muchas horas todavia

sobre la orilla vieja,

Y encontraras una manana pura

amarrada tu barca a otra ribera."

                 Antonio Machado

Tu dormiras encore beaucoup d'heures

sur l'ancienne rive,

et tu trouveras, un matin pur,

ta barque amarrée à un autre rivage.

 

 

Antonio Machado était un grand poète espagnol; engagé dans le camp des républicains pendant la guerre d'Espagne, il a dû fuir devant l'avance des troupes franquistes et, avec sa famille et quelques amis, s'est réfugié à Collioure où il arrive le 28 janvier 1939.

On voit encore, presque inchangé, l'hôtel Quintana où il prit pension :

 

 

La casa Quintana à Collioure, près du port

 

Fatigué par les épreuves , il y mourut le 22 février 1939. Il repose dans une tombe modeste dans le cimetière de Collioure , à l'ombre des cyprès:

 

 

 

 Sa tombe est fleurie et souvent y sont déposés des petits billets, citations d'un de ses poèmes ou simples hommages :

 "Antonio, la mort était tellement sûre de sa victoire qu'elle nous donne un avantage sur la vie "

 

 

"Et quand viendra le jour du dernier voyage 

Et que tu seras sur le bateau qui ne doit plus revenir

Tu me trouveras à bord  dépourvu de tout équipage 

presque nu, comme les enfants de la mer" 

Comment ne pas ressentir une profonde émotion devant la simplicité et la force de ces hommages ?

moi, je m'y arrête souvent et à chaque fois,ces vers me touchent. 

 Un petit livre, paru en 2001 aux éditions Mare Nostrum, 6, rue Bartissol à Perpignan, relate son séjour à Collioure et ses derniers moments; écrit par Jacques Issorel, il rassemble plusieurs témoignages émouvants de contemporains de son court séjour; il est écrit en français et en espagnol :

 

 

Si vous aimez la poésie et la langue espagnole et même si vous n'aimez ni l'un ni l'autre, vous ne perdrez pas votre temps à le lire mais à condition de mettre la main dessus; on doit le trouver dans toutes les librairies de Perpignan .

Lecture de vacances pourquoi pas; en vous installant sous un pin parasol ou un chêne centenaire, avec le chant des cigales et des petits oiseaux et la vue sur la crique des Paulilles ou la baie de Banyuls, quels moments je vous promets...

Mais de grâce, n'emmenez pas ce livre sur la plage, le charme serait rompu; comme chacun sait, la muse craint la crême solaire. 

Le souvenir d'Antonio Machado est resté très vivant à Collioure; sa tombe est régulièrement visitée et, passants qui venez par là et faites un détour dans ce petit cimetière situé à deux pas du port, vous ne manquerez pas d'y rencontrer des amis du poète venus se recueillir sur sa tombe .

Jacques Issorel indique que tous les ans, vers le 22 février, la Fondation Antonio Machado commémore à Collioure le souvenir de la mort du poète .

" ...Ni duende, ni angel, ni gracia tuvo,

pero estuvo habitado de verdad

con la desolacion del hombre bueno,

su palabra dolor en otra herida."

                                                                            Antonio Carvajal ("una figura herida")

"...Il ne fut ni le charme, ni la séduction, ni la grâce,

mais la vérité l'habita

et aussi la désolation de l'homme bon,

sa parole fut douleur dans une autre blessure."

 

 

Le choc des cultures

Le titre est bien pompeux pour une simple enseigne mais je vous la montre quand même :

 

"Carpe diem" ou  "cueille le jour [ sans te soucier du lendemain] " est une locution latine tirée d'un poème d'Horace (67 -8 av.jc) ; elle incite non à l'hédonisme débridé mais à un épicurisme serein dans lequel il s'agit de savourer l'instant présent car le lendemain est incertain.

Ronsard (1524-1585) y fait écho bien plus tard dans ses fameux "Sonnets pour Hélène " ( 1578) avec ces vers célèbres :

............. 

"Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueilllez dès aujourd'hui les roses de la vie."

 

Autres temps, autres voies pour atteindre au plaisir chaque jour; on vous laisse le choix : ou le fast food ou le kebab.

Vous ne savez pas où est ce haut lieu du bonheur des papilles ? je vous le donne en mille :

dans la patrie d'Horace , en face de ça, juste en face:

Remarquez , j'ai rien contre mais je préfère les spaghettis, les cyclistes ont besoin de sucres lents.