Fleur bleue
Au détour d'un chemin, un vieux mur et le printemps qui perce :
".Le jeune homme se perdit peu à peu en de douces visions et s’endormit. Il rêva d’abord de distances infinies, de contrées sauvages et inconnues......A l’approche du matin, lorsque au-dehors l’aube se mit à poindre, le calme revint enfin dans son âme, les images se firent plus nettes et plus stables........Mais ce qui l’attira d’un charme irrésistible, c’était, au bord même de la source, une Fleur svelte, d’un bleu éthéré, qui le frôlait de ses larges pétales éclatants. Tout autour d’elle, d’innombrables fleurs de toutes nuances emplissaient l’air de leurs senteurs les plus suaves. Lui, cependant, ne voyait que la Fleur bleue, et il la contempla longuement avec une indicible tendresse. Il allait enfin s’en approcher quand elle se mit soudain à tressaillir et à changer d’aspect; les feuilles devinrent plus brillantes et se serrèrent contre la tige qui s’allongeait; la fleur s’inclina vers lui et les pétales formèrent en s’écartant une collerette bleue où flottait un visage délicat. Son doux émerveillement croissait à mesure que s’accomplissait l’étrange métamorphose, — quand tout à coup la voix de sa mère l’éveilla : il se retrouva dans la chambre familiale que doraient déjà les rayons du matin. Il était trop enchanté pour prendre humeur de ce contretemps ; au contraire, il dit un aimable bonjour à sa maman et lui rendit son embrassement affectueux."
le rêve d'Henri
dans Heinrich von Ofterdingen (1802)
Roman de Novalis ( 1772-1801)
Friedrich von Hardenberg -dit Novalis - est une figure importante du romantisme allemand; il est le créateur du mythe de la fleur bleue dans son roman inachevé Heinrich von Ofterdingen; cette fleur symbolise l'amour absolu qu'Henri porte à Mathilde mais aussi l'union du rêve et du monde réel, qui était un des grands objectifs du romantisme.
Décédé à 29 ans , il laisse une oeuvre multiforme, autant poétique que littéraire et philosophique.
Marienlied
Ich sehe dich in tausend Bildern,
Maria, lieblich ausgedrückt,
Doch keins von allen kann dich schildern,
Wie meine Seele dich erblickt.
Ich weiss nur, dass der Welt Getümmel
Seitdem mir wie ein Traum verweht,
Und ein unnenbar süsser Himmel
Mir ewig im Gemüte steht.
(Geistliche Lieder)