Vous connaissez Don Mac Cullin ?
Si non, précipitez vous dans un kiosque pour acheter le dernier numéro que Reporters Sans Frontières lui consacre pour défendre la liberté de la presse.
Vous aurez 100 photos.
En plus , ce n'est pas cher - 9,90 € - et vous ferez une bonne action pour défendre cette liberté inestimable.
Don Mac Cullin , anglais né en 1935, est un des plus grands sinon le plus grand photographe de guerre , n'hésitant pas à se mêler au plus près des combats à ceux qu'il captait avec son appareil, portant un regard sans complaisance sur les horreurs de la guerre ; des images dures , où s'expriment la douleur, l'effroi, la détresse. Son choix du noir et blanc accentue encore la profondeur humaine de ses images .
Il a couvert quasiment tous les conflits :
le Biafra
le Vietnam:
le Liban:
mais son registre embrasse aussi la vie urbaine , la campagne anglaise , les gens simples et les paysages :
une adolescente Surma en Ethiopie
de jeunes anglais dans le comté de Duhram
le transport de sacs de charbon dans le Sunderland
et si je ne devais en retenir qu'une ce serait celle de ce sans abri irlandais :
à propos de cette image, Mac Cullin confiait dans un entretien avec son confrère Frank Horvat, en 1987:
« ...Mais je me reconnais surtout dans le clochard irlandais, celui qui ressemble à Neptune. Il est mélancolique et digne. Cela peut sembler étrange que je parle de dignité à propos de ces gens, pourtant c’est ce qui les caractérise et que j’essaye de montrer. Une dignité qui grandit avec la souffrance, comme si dans la souffrance ils trouvaient la force de continuer le combat. La mère biafraise par exemple, avec l’enfant au sein : je ne peux imaginer un être plus digne. »
C'est tout le style de Don Mac Cullin: comme ses photos de guerre, ses images claquent comme une balle perdue, son regard direct et sobre montre l'horreur et la souffrance sans jamais attenter à la dignité du sujet :
lassé par les horreurs des guerres , Mac Cullin s'est retiré dans le Somerset et se consacre à des photos de paysage et de vie urbaine , toujours en noir.
Mac Cullin, c'est lui, ici au premier plan, pendant l'offensive du Têt au vietnam en 1968:
Commentaires
---
Je sais pas si on a besoin de "dignité" quand on meurt de faim...
---
En effet mais l'attitude de celui qui capte l'image est respectable car ce faisant il n'est pas "voyeur" mais montreur d'une indicible souffrance.
Mais est ce que ça sert de leçon ? Mac Cullin a conclu que non à un moment de sa vie, c'est pourquoi, dit on , il s'est consacré ensuite à des sujets plus sereins.