Quelque part
Quelque part, dans le sud, ailleurs...
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Quelque part, dans le sud, ailleurs...
Vu dans une rue d'Arles
...en Arles où sont les Alyscamps ....
Y'a ma copine là bas , elle va pas m'lâcher, celle la !!
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!
Humeur ensoleillée...
Un de plus , direz vous !
Orelsan, le rappeur, a écrit une chanson qui choque certain(e)s : " Sale pute" , il s'adresse à sa meuf qu'il a surprise en train d'embrasser un autre mec, alors il la hait avec une élégance rare de vocabulaire comme le rap en a souvent le chic ; jugez un peu :
Tu es juste une putain d avaleuse de sabre un sale catin
Un sale tapin tout ces mots doux c était que du baratin
...
T es juste un démon déguise en femme j veut te voir briser en larme
J veut t voir rendre l âme j veut te voir retourner brûler dans le flammes"
...je ne cite que les paroles les plus délicates , quant au reste , ouille, ouille, ouille ! si vous avez le coeur bien accroché , voyez là , par exemple...
En deux mot comme en mille, ce n'est pas ce que je fredonne quand je pêche au bord de la rivière et, en plus , je n'aime pas le rap, chacun ses goûts ; quant à son texte , c'est plus que minable.
Mais là où je m'insurge c'est contre les réactions des quelques beaux esprits qui ornent notre paysage politique , un vrai bocage ! Passons sur ceux qui s'indignent , leur liberté d'exprimer leur dégoût est aussi légitime que celle d'un rappeur de torcher une chanson aux termes crus , violents voire orduriers .
Mais Orelsan devait participer au Printemps de Bourges , lieu culte de la nouvelle chanson et festival fort estimable : que nenni ! les féministes relayés par même d'anciennes ministres ont hurlé pour qu'il ne s'y produise pas .
Orelsan a donc publié un communiqué pour apaiser les esprits :
"cette œuvre de fiction a été créée dans des conditions très spécifiques relatives à une rupture sentimentale” : “En aucun cas ce texte n’est une lettre de menaces, une promesse de violence ou une apologie du passage à l’acte, poursuit le communiqué. Conscient que cette chanson puisse heurter, Orelsan a décidé il y a quelques mois de ne pas la faire figurer dans son album ni dans ses concerts, ne souhaitant l’imposer à personne”.
Bon, il prend une décision intelligente et finalement, la polémique aurait dû s'essoufler, bonne volonté de notre nouveau Lamartine et vacances d'été aidant .
Et bien non, voilà qu'une certaine présidente de Région,qui subventionne pour un montant important (400 000 € ) le festival des Francofolies de la Rochelle menace de retirer sa subvention si le chanteur s'y produisait !
Si, si, c'est vrai, ce sont même les gazettes qui le disent , sur cette page si vous cliquer, par exemple .
Et ça s'appelle comment, ça ?
La censure , et pas autrement !
Orelsan a retiré sa chanson , pourtant!...qu'importe !
Un(e) président(e) de région n'a pas compétence pour retirer une subvention votée par son conseil régional, seul le conseil a cette compétence ...qu'importe !
J'appelle cela se f...de la tête des gens ! en somme , un plantage Royal ...
Un de plus ?à chacun son opinion puisque selon la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen :
"La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi."
Orelsan a t-il abusé de cette liberté ?
C'est au juge de répondre , Mme la présidente n'a qu'à saisir la justice ; elle ne l'a pas fait car, pas folle, elle sait que son action a peu de chance d'aboutir, car si, dans cette chanson, on voit où est le scandale ( c'est, en effet, pas piqué des vers!) on ne voit pas ce qui est contraire à la loi ...ou alors , s'ils sont logiques , les juges interdiront aussi "Gare au Gorille" de Brassens.
Et pan !
Et puis , interdire un chanteur , ça ne vous rappelle rien en cette année de célébration quasi unanime de Boris Vian, sa chanson "le déserteur" longtemps interdite de radio ?
Il y a bien d'autres combats plus porteurs que de sortir les ciseaux de la censure !
Vous connaissez Rio Loco, vous y êtes allé peut être.
Rio Loco, c'est depuis 15 ans le fantastique festival des musiques du monde, sur la prairie des Filtres , au bord de Garonne à Toulouse ; brassage des cultures , exploration des musiques du monde , c'est plus de 100 000 amoureux de la musique , de toutes les musiques qui, chaque année, pendant 5 jours vers la fin juin, se retrouvent sur ce bout de prairie autour d'un immense podium où de fabuleux musiciens viennent nous faire communier ensemble à leurs rythmes et à leurs chants .
Rio Loco, c'est ça :
http://lesamisderioloco.blogspot.com/
Allez Christine , tiens bon et Viva Rio Loco !
ou plutôt
"Tel qu'en lui même enfin l'éternité le change..."
dessin de Killoffer
Un dessin un peu sévère pour évoquer la disparition de ce génie de la pop musique , pas tellement mon pré habituel mais quel talent et quelle vie , gâchée, brisée alors qu'elle était parée de tellement de dons .
"Tel qu'en lui même enfin l'éternité le change..."
A lui ces mots du poète, plus qu'à aucun autre:
Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange !
Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu,
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.
Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Mallarmé a écrit ce poème à la demande d'une américaine, Sarah Rice qui souhaitait accompagner l'érection d'un monument en l'honneur du poète, à Baltimore par un recueil d'hommages.
Publié en 1877, ce sonnet dont l'hermétisme est évidemment très mallarméen doit être compris dans son double sens de monument funéraire et d'éloge .
Le premier vers est célèbre ( ah, le plaisir que je pris à faire son commentaire pour mon prof d'allemand en seconde lors de la mort de Jean Cocteau !) on peut le comprendre comme l'idée que la mort fige la pensée et l'expression du poète mais en même temps les révèle ou, plus simplement qu'un être ne prend sa véritable dimension qu'après sa disparition quand , devenu poussière d'étoile, il entre enfin dans l'éternité .
Rien de mallarméen dans le destin de Michael Jackson et pourtant.. son génie qui a bouleversé plusieurs générations sera, malgré les outrances de sa vie détruite, enfin montré "tel qu'en lui même ".
et quel hommage que celui d'Annie Leibowitz dans cette image fabuleuse d'un artiste immuable dans sa splendeur ...
So long, bad boy !
" Ce qui nous étonne davantage et qui nous fait admirer la nature, c’est de voir qu’au défaut de découvrir par écrit nos pensées à ceux qui sont absents, elle leur a fourni de certaines éponges qui retiennent le son et la voix articulée, comme les nôtres font les liqueurs : de sorte que, quand ils se veulent mander quelque chose, ou conférer de loin, ils parlent seulement de près à quelqu’une de ces éponges, puis les envoient à leurs amis, qui les ayant reçues en les pressant doucement, en font sortir ce qu’il y avait dedans de paroles, et savent par cet admirable moyen tout ce que leurs amis désirent ".
On croit reconnaitre nos procédés actuels d'enregistrement des sons,le magnétophone ou la cassette audio, en somme.
Ce passage est extrait d'un roman du 17ème siècle - Le Courrier Véritable - paru en 1632 et fruit de l'imagination fertile de Charles Sorel , seigneur de Souvigny (1600-1674), auteur dont le livre le plus connu (enfin...des spécialistes au moins ...) est l'Histoire comique de Francion, qui connut un succès important et reste son oeuvre la plus marquante.
Charles Sorel est surtout un auteur satirique qui raillait les moeurs des petits bourgeois et les romans héroïques et sentimentaux en vogue à son époque.
"La critique des conventions littéraires est développée dans Le Berger extravagant (1627), que l'on a pu définir comme l'équivalent français du Don Quichotte de Cervantes", dixit un spécialiste que je pille pour la circonstance
Dans ce roman, il imagine cette fois des "miroirs magiques" permettant de voir à distance et d'épier la vie privée de ses voisins!
(...)Je croy mesme quelquefois que la belle Diane me veut tant de bien qu' elle raporte à Basilee l'estat où elle me void, et qu' elle me pourra aussi representer l' estat où est Basilee, comme si sa face estoit un miroir où par quelque science secrette l' on pust voir les choses esloignees.".
Caméras cachés en quelque sorte..