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  • Vlaminck-Paris Roubaix-de Vlaeminck

     Paris Roubaix 2008 soit 260 km:

    1er : Tom Boonen

    2ème : Fabien Cancellara

    3ème : Allessandro Ballan

     Paris-Roubaix est l'une des plus anciennes courses cyclistes; créée en 1896 par Théodore Vienne après l'ouverture du nouveau vélodrome de Roubaix, elle est considérée comme la reine des classiques et également surnommée 'l"enfer du nord " avec sa cinquantaine de km de routes chaussées de pavés; en bref, elle figure au palmarès des plus grands champions depuis sa création.

    Le vainqueur cette année est un belge, originaire des Fandres,Tom Boonen :

     

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    Maurice de Vlaminck est né en 1876 d'un père flamand et d'une mère lorraine; élève médiocre, il se passionne pour le sport, pratique le violon et découvre la peinture vers l'âge de 15 ans.

    Vlaminck (1876 -1958) :

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    autoportrait 
     

     Maurice de Vlaminck est un des peintres dit "fauve", avec Matisse et Derain, les plus connus; ce mouvement qui en fait n'en est pas un, pas plus qu'il ne forme un groupe, ne durera que quelques années, en gros, de 1905 à 1907; ses tenants ne produiront pas de théorie et le terme de "Fauve" ne désigne pas précisément un style; on pourrait dire plutôt une révolte par la couleur.

    Le Fauvisme est caractérisé par la pratique consistant à étaler la couleur brute telle qu'elle sort du tube, technique qui surprit et même choqua le public et la critique au début du vingtième siècle; lors du salon du 18 octobre 1905, une salle était réservée à des oeuvres de Marquet,  Derain, Vlaminck, Matisse - dont la fameuse toile "la femme au chapeau"- entourant deux scupltures d'Albert Marquet ; cette exubérance de couleurs fit dire au critique Louis Vauxcelles "c'est Donatello chez les fauves "; reprenant le terme dans un article du journal Gil Blas , il consacrait ainsi le terme de fauvisme.

     

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    Matisse - la femme au chapeau -1905 .
     

    et Vlaminck :

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    Vlaminck - remorqueur sur la Seine à Chatou - 1906 

                              Vlaminck devait subir plus tard, comme bien d'autres, l'influence de Cézanne sans pour autant aller jusqu'au cubisme:

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    Cézanne - la mer à l'Estaque - 1886 
     
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    Vlaminck - les Toits rouges - 1912 
     

    Et Tom Boonen, dans tout ça ? Quel rapport entre Tom Boonen et Maurice de Vlaminck ?

    Apparemment , aucun sauf que Tom Boonen en a un avec l'homonyme du peintre, Roger de Vlaeminck

     

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    Roger de Vlaeminck dit "le Gitan" , dit "monsieur Paris Roubaix", le seul coureur a avoir gagné cette épreuve quatre fois en 1972-1974-1975-1977 alors que Tom Boonen ne l'a gagné que deux fois (pour le moment  !).
     
    On est peut être un peu loin de notre fauve, quasi homonyme, Maurice de Vlaminck.
    Pas tant que vous le croyez !
    Maurice de Vlaminck, avant de peindre et de pouvoir vivre de sa peinture était professeur de violon mais avait fait quantité de petits boulots pour faire vivre sa famille et également beaucoup de sport car il était un homme de forte constitution ( 1m80 pour 80 kg - quasiment nicéphore, d'ailleurs), en particulier du cyclisme, d'abord comme amateur puis comme professionnel; sans doute pas très longtemps mais il participa à Paris Roubaix, eh oui ! (nicéphore, cycliste passionné comme vous le savez, ne s'est jamais aligné sur Paris Roubaix, hélas).
     
    Alors, voilà ! en quelle année et quel fut son classement...s'il termina la course ?
    Je n'ai pas pu trouver la réponse  et je m'en remets à vous avec, en prime, un bouquet et un bisou pour la belle lectrice qui me donnera la réponse et, si c'est un lecteur, une chambre à air sans rustine pour lui permettre d'assouvir sa passion s'il est cycliste; s'il ne l'est pas, je me la garde, rien qu'aujourd'hui j'ai percé deux fois .
    Comme quoi, il n'est pas nécessaire de s'aligner sur Paris Roubaix pour vivre la galère du cycliste . 

     

  • mai

    Célébrer mai:

     

    Mai

        Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
        Des dames regardaient du haut de la montagne
        Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
        Qui donc a fait pleurer les saules riverains

        Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
        Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières

        Sur le chemin du bord du fleuve lentement
        Un ours un singe un chien menés par des tziganes
        Suivaient une roulotte traînée par un âne
        Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
        Sur un fifre lointain un air de régiment

        Le mai le joli mai a paré les ruines
        De lierre de vigne vierge et de rosiers
        Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
        Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

    Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

     

    En barque sur le Rhin et ces dames qui "regardaient du haut de la montagne", comment ne pas pas penser à la Lorelei ?

    Die Lorelei

    Ich weiß nicht, was soll es bedeuten,
    Dass ich so traurig bin ;
    Ein Märchen aus alten Zeiten,
    Das kommt mir aus dem Sinn.

    Die Luft ist kühl und es dunkelt,
    Und ruhig fließt der Rhein ;
    Der Gipfel des Berges funkelt
    Im Abendsonnenschein.

    Die schöne Jungfrau sitzet
    Dort oben wunderbar :
    Ihr gold'nes Geschmeide blitzet,
    Sie kämmt ihr goldenes Harr.

    Sie kämmt es mit goldenem Kamme,
    Und singt ein Lied dabei ;
    Das hat eine wundersame,
    Gewaltige Melodei.

    Den Schiffer im kleinen Schiffe
    Ergreift es mit wildem Weh ;
    Er schaut nicht die Felsenriffe,
    Er schaut nur hinauf in die Höh'.

    Ich glaube, die Welten verschlingen
    Am Ende Schiffer und Kahn ;
    Und das hat mit ihren Singen
    Die Loreley getan.

    Heinrich HEINE (1799-1856)

    Ce poème est des plus beaux de la langue allemande et Heine un de ses plus grands écrivains; pour les non germanophones , voici une traduction qui en rendra un peu de sa beauté  mélancolique:

    Mon Coeur, pourquoi ces noirs présages?
    Je suis triste à mourir.
    Une histoire des anciens âges
    Hante mon Souvenir.

    Déjà l'air fraîchit, le soir tombe,
    Sur le Rhin, flot grondant;
    Seul, un haut rocher qui surplombe
    Brille aux feux du couchant.

    Là-haut, des nymphes la plus belle,
    Assise, rêve encore;
    Sa main, où la bague étincelle,
    Peigne ses cheveux d'or.

    Le peigne est magique. Elle chante,
    Timbre étrange et vainqueur,
    Tremblez fuyez! la voix touchante
    Ensorcelle le coeur.

    Dans sa barque, l'homme qui passe,
    Pris d'un soudain transport,
    Sans le voir, les yeux dans l´espace,
    Vient sur l`écueil de mort.

    L´ecueil brise, le gouffre enserre,
    La nacelle est noyée,
    Et voila le mal que peut faire
    Loreley sur son rocher."
     
    Pour tout dire je ne l'aurais pas traduit ainsi : par exemple, les quatre premiers vers:
     
    "Je ne sais pas ce que cela veut dire
    D'être aussi triste
    Une histoire des anciens temps
    Qui me vient à l'esprit "...
     
     
    mais...c'est maladroit car trop près du texte; la traduction complète que je vous livre au dessus est celle de Heine lui même, en 1823, et c'est , à dire vrai, ce que l'on ressent quand on le lit en allemand .
     
     On est loin du Mai, du "joli mai en barque sur le Rhin" de Guillaume Appollinaire.
     
    vraiment ? Apollinaire est souvent mélancolique, lui aussi:
    ....................  
    "Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières...."
     
     
    Archétype de la poésie romantique allemande, Die Lorelei évoque une légende du Rhin; la Lorelei était une belle femme blonde qui chantait du haut d'un rocher qui surplombe le fleuve , près d'un coude de son cours formant un passage assez dangereux pour les bateliers, en amont de St Goarshausen et ce qui doit arriver arrivait : un naufrage; éternel mythe de la sirène et du navigateur , rappelez vous Ulysse et l'île des Sirènes au retour vers Ithaque, mais lui , plus avisé que les bateliers du Rhin, a échappé à leur sort funeste en se faisant attacher au mat après avoir bouché les oreilles de ses matelots avec de la cire.
     
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     c'est là et la Lorelei, c'est elle:
     
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    et dans une représentation romantique :
     
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    Heinrich Heine mériterait un billet tout entier ; on est bien loin du joli mois de mai qui incite plutôt à l'allégresse, mois de Marie pour les catholiques , mois des roses pour les jardiniers, des pavés pour les CRS , des barricades pour les sexagénaires et les nostalgiques de la révolution étudiante et le mois de la mouche pour les pêcheurs de truite.
    Je fourbis mes lignes, j'astique mes bottes , je revois tous les jours l'ordonnancement de ma musette, je les sens , belles, hardies , sauvages et même la Lorelei ne saurait me détourner de ce moment de paradis où, foulant l'herbe du pré, dans l'odeur de la menthe fraiche, je lance tout près du gobage: elle prend, la ligne se tend, mon coeur bat à tout rompre, elle est là sur le pré dans sa belle robe d'or mouchetée de rouge et de noir; délicatement, je décroche l'hameçon piqué sur la corne du bec et je la rends à la rivière.
     Bon, c'est encore un rêve mais si tout va bien... 
     
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      le coup du soir
     
    Qui ne connait la magie d'une rivière au soir qui tombe connait il la beauté du monde? alors que certains vont la chercher loin, en Indonésie, en Thaïlande, aux Maldives où que sais je encore, on la trouve au bout du pré , dans le sous bois , un soir de mai , au bord du torrent .