Sujet bien délicat , avançons comme si on marchait sur des oeufs , après avoir posé en préalable qu'Oradour sur Glane est une horreur absolue comme , hélas bien d'autres pendant le second conflit mondial, en France , en Russie et en bien d'autres lieux et bien d'autres ensuite en Europe , sans aller chercher sur les théatres d'opérations exotiques ..
La question est pourquoi ouvrir 66 ans après une procédure contre des vieillards qui n'étaient que de simples soldats en 1944 ? Refuser d'obéir dans l'armée allemande était , plus qu'ailleurs , aussitôt sanctionné par une exécution sommaire ; les officiers qui ont donné les ordres ont ils été recherchés, poursuivis , sanctionnés ?
Les motivations du parquet fédéral allemand ne sont pas très claires; certes , les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles et juridiquement les poursuites au regard du droit interne et du droit international sont possibles et fondées .
Mais leur opportunité dont chacun se fera l'opinion qu'il veut, soulève d'autres interrogations sur, par exemple la recherche des membres encore vivants des sonderkommandos qui, en Russie, ont massacré systématiquement les populations (cf. le roman de John Littel "les Bienveillantes ") , sur les crimes de guerre des Alliés , toutes armées confondues, sur l'affaire des répressions pendant la guerre d"Algérie , sur la répression des Algériens à Paris en 1961 (combien jetés dans la Seine ? ) etc...on voit bien que la relance de cette affaire horrible ouvre la boite de Pandore .
Après Oradour, un procès eut lieu à Bordeaux en 1953 ; plusieurs condamnations à mort furent prononcées , les Alsaciens "malgré nous" furent condamnés à de la prison; le général Lammerding , chef de la division SS , condmné à mort par contumace , a fini sa vie tranquillement en Allemagne , toutes les demandes d'extradition de la France ayant échoué, y compris auprès des Anglais quand Lammerding se trouvait dans leur zone d'occupation.
La condamnation des Alsaciens souleva une telle émotion en Alsace que l'Assemblée Nationale vota une loi d'amnistie 7 jours après le verdict , le 19 février 1953 ; les Alsaciens furent libérés , les Allemands prisonniers et présents au procès virent leur peine de prison réduite et furent libérés quelques mois après , les deux condamnation à mort furent commuées en réclusion à perpétuité . (source Wikipédia).
En 1983, un lieutenant allemand réfugié en RDA sous une fausse identité et condamné à mort par contumace à Bordeaux fut découvert et condamné à Berlin Est à la réclusion à perpétuité; il fut libéré en 1997.
Je laisse à chacun le soin de se faire une opinion; j'ai du mal à asseoir la mienne pour le moment ; si tous les crimes doivent être punis quand leurs auteurs sont retrouvés , je m'interroge néanmoins sur les incohérences que ces poursuites tardives laissent apparaître tant par rapport au temps du châtiment qu'aux auteurs des crimes selon le camp auquel on appartient .
Et plus encore sur les silences des autorités qui savent et ne veulent pas ouvrir ou ré-ouvrir des dossiers douloureux et jamais honorables .
A l'époque du jugement de Bordeaux Edouard Herriot qui présidait l'Assemblée Nationale , déclarait "la patrie est une mère. Elle ne peut pas admettre que des enfants se déchirent en son sein » et le général de Gaulle , pourant peu enclin à l'indulgence , faisait passer , avant la nécessité du châtiment , la préservation de l'unité nationale :" Quel Français ne comprendra la douleur irritée de l'Alsace ? […] Ce qui doit être avant tout évité, c'est qu'après avoir perdu dans la tragédie d'Oradour tant de ses enfants assassinés par l'ennemi, la France laisse de surcroît infliger une amère blessure à l'unité nationale "
Deux prises de position dans le vif de l'époque et du souvenir des évènements qui peuvent éclairer le jugement que chacun pourra se faire au sujet de cette afire qui ressurgit à propos d'un des nombreux drames de la seconde guerre mondiale .
Si, encore, ils avaient été les derniers ...