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  • Rencontre bleue

    Au hasard des ruelles, un spectateur étonné et curieux , un peu effarouché :

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    et de beaux yeux verts :
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    "Les amoureux fervents et les savants austères
        Aiment également, dans leur mûre saison,
        Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
        Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
         ..............
    Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
        Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
        Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques."
    Les Chats  - Baudelaire 

     

  • La belle cordière encore

     

    Encore Louise Labé dite la Belle Cordière.

    Lyon a donné son nom à une rue mais en le contractant : rue Bellecordière au lieu de rue de la Belle Cordière;pouvais je mieux tomber ? après la Belle Paule  dans la ville rose , la rue de Louise Labé: au moins, chaque matin, à l"heure d'entamer le dur labeur du jour , trouverai je dans cette évocation un petit sursaut d'énergie ...

    Là, c'est le bout de la rue quand on la prend à l'envers: le clocheton est celui des Hospice civils, le bâtiment historique des anciens hopitaux .

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     Un petit retour sur la belle Paule:

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    Fresque de Rachou - salle des Illustres - le Capitole - Toulouse 
     
    et à nouveau la Belle cordière 
     
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    dont je vous livre quelques vers de son élégie sur le baiser... ah, qu'elle devait en donner de savoureux pour en parler si bien!
     
    La Bouche 
     
    Bouche belle,Bouche bénigne,
    Courtoise,clère, coralline ,
    Doulce, de myne désirable .
    Bouche à tous humains admirable,
    Bouche quand premier je te vey
    Je fus sans mentir tout ravy,
    Sur le doux plaisir et grand ayse
    Que reçoit l'autre qui te baise:
    .................
    Bouche se mourant d'un baiser,
    Pour toute douleur appaiser,
    Bouche riant, plaisante bouche,
    Qui baille devant qu'on la touche.
    etc....... 
     
    Ne vous privez pas,Belles Lectrices,de lire cette élégie de bout en bout; elle contient tout le sentiment amoureux et d'un clic sur cette bouche, vous l'aurez en entier.
    Moi, j'en suis tout remué. 
     
  • Baise m'encor', rebaise moi et baise

    Ne fuyez pas, belles lectrices, rien de graveleux dans cette invite car vous avez reconnu les premiers vers du célèbre sonnet  de Louise Labé.

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     Louise Labé , dite la belle Cordière ou encore la Belle rebelle, est née à lyon vers 1520-1526 ; son père était cordier ; elle même fut mariée à un cordier de 30 ans son ainé; ce n'est sans doute pas à lui que s'adressaient les vers brûlants de ce sonnet :

    Baise m'encor, rebaise-moi et baise;
    Donne m'en un de tes plus savoureux,
    Donne m'en un de tes plus amoureux:
    Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

    Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
    En t'en donnant dix autres doucereux.
    Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
    Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

    Lors double vie à chacun en suivra.
    Chacun en soi et son ami vivra.
    Permets m'Amour penser quelque folie:

    Toujours suis mal, vivant discrètement,
    Et ne me puis donner contentement
    Si hors de moi ne fais quelque saillie.

     

    Elle fut, dit on, une grande amoureuse, elle qui se serait donnée à 16 ans à un homme de guerre, si l'on en croit ce qu'elle nous en dit :

    " Je n'avais vu encore seize hivers

     Lorsque j'entrai en ces ennuis divers "

    mais il faut retenir d'elle, outre l'admirable poétesse, la femme étonnante pour son temps qui plaidait pour un plus juste équilibre dans les relations entre les hommes et les femmes et dont les amours nombreuses qu'on lui prêta n'étaient que la volonté et le désir de disposer de sa vie.

    Une des premières, aussi, à donner voix à l'expression féminine de la passion: une femme peut oser déclarer son désir sans attendre de se sentir désirée: 

    "Je vis, je meurs: je me brûle et me noie,
    J'ai chaud extrême en endurant froidure;

     ....."
    et qui disait "le plus grand plaisir qu'il soit après l'amour, c'est d'en parler ".

     D'elle, on pourrait écrire encore beaucoup plus ; laissons nous emporter par la vie qui jaillit de ses poèmes, sensuelle et forte et brûlante de passion exprimée.

     Elle fut une des plus grandes représentantes de l'Ecole lyonnaise de poésie de la Renaissance avec Pernette du Guillet et Maurice Scève .

     

    Elle inspira bien des vers aux hommes qui aimèrent cette femme libre ; bien plus tard, même Aragon :

    Je l'imagine, elle a les yeux noisettes
    Je les aurais pour moi bleus préférés
    Mais ses cheveux sont blonds comme vous êtes
    ô mes cheveux mordorés et dorés

     Mais elle disait si bien l'Amour :

     

    "Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté

    Petits jardins pleins de fleurs amoureuses

    Où sont d'Amour les flèches dangereuses,

    Tant à vous voir mon oeil s'est arrêté !"
    ............. 
  • Car j'ai de grands départs ...

     "Je me suis embarqué sur un vaisseau qui danse
    Et qui roule bord sur bord et tangue et se balance.
    Mes pieds ont oublié la terre et ses chemins;
    Les vagues souples m'ont appris d'autres cadences
    Plus belles que le rythme las des chants humains.

    A vivre parmi vous, hélas! avais-je une âme?
    Mes fréres, j'ai souffert sur tous vos continents.
    Je ne veux que la mer, je ne veux que le vent
    Pour me bercer comme un enfant, aux creux des lames.

    Hors du port qui n'est plus qu'une image effacée,
    Les larmes du départ ne brûlent plus mes yeux.
    Je ne me souviens pas de mes derniers adieux...
    O ma peine, ma peine, où vous ai-je laissée?"

     Jean de la Ville de Mirmont - (L'Horizon Chimérique)

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    "... Car j'ai de grands départs inassouvis en moi."
     Jean de la Ville de Mirmont 
    C'est un grand départ, en effet, qui m'attend vers un horizon que je n'espère pas chimérique , comme ce bateau qui s'enfonce dans la brume, image mélancolique...
    Amis lecteurs, belles lectrices, pendant quelques jours, nomade en errance, mes billets se feront plus rares; mes pensées pour vous le seront bien moins .
  • Champagne

    Non, il ne s'agit pas du vin des rois mais de la province, de la terre avec ses étendues immenses, fertiles et cultivées et de ci, de là, des haies  et quelques bosquets qui barrent l'horizon :

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    sur la route de Sézanne
    Plus de 60% du territoire est consacré à l'agriculture; il en reste assez pour la vigne et le nectar qu'elle nous offre.
    ( note du 25 août -  publication retardée) 
  • sonnet à Cassandre

    Un peu de légèreté aujourd'hui ; Guy Béart avait mis en musique et chantait fort bien ce sonnet de Pierre Ronsard:

     

    Pour Cassandre


    Quand au temple nous serons
    Agenouillez, nous ferons
    Les dévots selon la guise
    De ceux qui, pour louer Dieu,
    Humbles se courbent au lieu
    Le plus secret de l'Eglise.

    Mais quand au lict nous serons
    Entrelassez, nous ferons
    Les lassifs selon les guises
    Des amans qui librement
    Pratiquent folastrement
    Dans les draps cent mignardises.

    Pourquoy donque, quand je veux
    Ou mordre tes beaux cheveux,
    Ou baiser ta bouche aimée,
    Ou toucher à ton beau sein,
    Contrefais-tu la nonnain
    Dedans un cloistre enfermées?

    Pour qui gardes-tu tes yeux
    Et ton sein délicieux,
    Ton front, ta lèvre jumelle?
    En veux-tu baiser Pluton
    Là-bas, après que Charron
    T'aura mise en sa nacelle?

    Après ton dernier trespas,
    Gresle, tu n'auras là-bas
    Qu'une bouchette blesmie:
    Et quand mort je te verrois,
    Aux ombres je n'avouerois
    Que jadis tu fus m'amie.

    Ton test n'aura plus de peau,
    Ny ton visage si beau
    N'aura veines ny artères:
    Tu n'auras plus que les dents,
    Telles qu'on les voit dedans
    Les testes des cimeteres.

    Donque, tandis que tu vis,
    Change, maistresse, d'avis,
    Et ne m'épargne ta bouche:
    Incontinent tu mourras,
    Lors tu te repentiras
    De m'avoir esté farouche.

    Ah! Je meurs! Ah! Baise-moy!
    Ah! Maistresse, approche-toy!
    Tu fuis comme un fan qui tremble:
    Au moins souffre que ma main
    S'esbate un peu dans ton sein,
    Ou plus bas, si bon te semble.

    Les meslanges (1555)

    En 1545 , alors qu'il a vingt ans , Ronsard rencontre une jeune fille de treize ans,Cassandre Salviati. Elle va devenir l'amour 'inaccessible' car elle se marie l'année suivante avec le seigneur de Pré.
    Elle sera à Ronsard, ce que Beatrice a été à Dante et Laure à Pétrarque.
    Cassandre va lui permettre de célébrer l'amour platonique.
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      Belles lectrices, ne soyez ni offusquées ni mélancoliques ni rien d'autres que séduites par le talent du poète et si vous avez sous la main une compilation des chansons de Béart, écoutez comment il  traduit finement toutes les nuances de ce sonnet; comment , après, nous faire tant languir ?

     


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  • lavandières

    Parler des lavandières ? 
     
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    et vue par Victor Hugo : 
     

    Sachez qu'hier, de ma lucarne, 

    J'ai vu, j'ai couvert de clins d'yeux,

    Une fille qui dans la Marne

    Lavait des torchons radieux

     

    Je pris un air incendiaire

    Je m'adossais contre un pilier

    Puis je lui dis "O Lavandière"

    Blanchisseuse étant familier

    La blanchisseuse gaie et tendre

    Sourit et, dans la hameau noir

    Au loin, sa mère cessa d'entendre

    Le bruit vertueux du battoir.

    Je m'arrête. L'idylle est douce

    Mais ne veux pas, je vous le dis,

    Qu'au delà du baiser on pousse

    La peinture du paradis.

     

    Victor Hugo

     
     Activité de tous les coins du monde
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    Qu'elle est belle dans son labeur !