Pas de panique , sans vous assommer d'un discours sur l'art abstrait. je ne ferai qu'évoquer le bonheur ressenti en visitant l'exposition Kandinsky au musée Royal des Beaux Arts de Bruxelles .
Vassily Kandinsky (1866-1944), né russe , naturalisé allemand puis déchu de cette nationalité en 1939 et naturalisé français, est considéré comme le père de l'art abstrait.
En deux mots , "...l'art abstrait est un art qui ne contient aucun rappel , aucune évocation de la réalié onservée.." (Michel Seuphor).
L'influence des Fauves (1905 -1906) n'est pas étrangère à cette émancipation marquée par la primauté donnée à la couleur pure dont les aplats posés sur la toile font perdre à la représentation son apparence réelle .
C'est en 1911 qu'il réalise sa première peinture à l'huile considérée comme "abstraite" : " Tableau avec cercle" mais il avait, semble t-il peint une aquarelle abstraite dès 1909.
Kandinsky - tableau avec cercle - 1911 (photo nicéphore prise à la sauvette )
le même (reproduction trouvé sur le net)
Ensuite , il ne cessa de développer sa vision et d'approfondir sa conception de cette nouvelle forme d'art dans laquelle les sensations doivent se détacher de l'attraction que suscite la "figure" pour laisser agir la forme , la ligne et la couleur .
Kandinsky - Compostion sur fond balnc - 1920
Et la couleur autant que l'élégance des lignes ressort puissament de la cinquantaine de ses oeuvres présentées ; la couleur surtout , un enchantement pour les yeux , qui illumine les salles d'exposition , plongées dans la pénombre .
Un éclairage minimaliste sur la toile et seule le foisonnement des lignes dans une explosion de couleurs vives nous plonge (je parle pour moi) dans une intense jubilation .
Kandinsky - Improvisation 34 - 1913
Moins jubilatoire , l'interdiction de prendre des photos .
Là , j'enrage car dans le siècle de l'image , rien ne justifie plus l'interdiction de la prise de photo ; les grands musées , le Louvre en tête, l'admettent (sans flash, cela va de soi) .
Est ce une histoire de droits d'auteur , discutable parce que ces oeuvres sont reproduites dans tous les catalogues , ensuite parce qu'aucun visiteur n'est en mesure de prendre une "bonne" photo pouvant faire concurrence aux publications officielles et commerciales tant, pour cela des conditions particulières sont indispensables ( un trépied , un petit echafaudage , une lumière adaptée , la suppression des reflets, pas de badauds qui passent, un minimum de savoir faire etc ...) et comment distinguer celui qui utilise son smartphone ?
Alors ...je triche , je me cache et j'attends que le gardien ait tourné le dos ; le résultat , dans ces conditions , ne peut être que médiocre:
mais pourquoi prendre une photo quand on trouve de parfaites reproductions sur internet ?
Pour se rappeler du moment , de l'ambiance , pour garder trace dans sa photothèque artistique d'une toile d'un peintre moins connu ou d'un tableau qui nous a particulièrement ému et bien d'autres raisons encore .
Certes , dans chaque exposition, il y a un catalogue ...mais il n'est pas toujours bon marché (35 à 50 euros , tendance actuelle, un pavé écrit "petit" et de plus en plus souvent en gris sur blanc ...cad réservé aux pilotes de chasse avec leur vision à 10 sur 10 dans un couloir sombre) et, en voyage , on n'a pas toujours envie de se charger en plus .
Bref , j'ai pris quelques photos sous le manteau , souvent c'est très mauvais, parfois c'est à peu près "regardable" :
Kandinsky - St Georges - 1910
Une de ses dernières toiles presque figurative encore
Je ne vous incite pas à vous ruer à Bruxelles pour voir cette exposition, je l'ai visitée le dernier jour de son ouverture le 30 juin .
J'ai pu redécouvrir un artiste majeur de l'histoire de l'art , artiste que j'avais depuis de nombreuses années ranger dans le placard des "à revoir à l'occasion" et quel dommage !
Outre la jubilation que j'ai éprouvé en regardant la cinquantaine de ses toiles exposées et celles de son école , c'est tout un pan de l'art du début du siècle que j'ai revisité tant le parcours de Kandinsky, homme de grande culture , a été riche et foisonnant , entre sa participation au mouvement "der Blaue Reiter " (1912), son enseignement au Bauhaus de Weimar (1919) ,sa vision théorisé de l'art abstrait dans son fameux "Du Spirituel dans l'Art, et dans la Peinture en particulier" (1911), ses réferences à sa patrie russe et son parcours européen en cette période où l'art moderne explose en de multiples formes .
Nicéphore ébloui dans la pénombre