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  • La bêt (ise) "immonde"

    « Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde. ». (B. Brecht - "La résistible ascension d'Arturo UI"...j'avais entendu cette fin de la formidable pièce de Brecht, il y a longtemps, dans le théatre et avec la voix de Jean Dasté.

    Je n'imaginais pas qu'un jour on puisse en affubler une chanson qui a obtenu il y a quelques décennies, une exceptionnelle audience et que tout ceux qui aiment la chanson et la musique ont encore en tête, paroles et musique .

    Pauvreté sans doute de mon imaginaire, une étoile irradiante de la variété française l'a osé : la divine, la sublissime Juliette Armanet, vous savez celle qui chante :

    "Boum boum baby lyrics

    J'veux pas d'chocolat,
    J'veux pas d'joujoux
    Non j'veux juste ce mec là
    Un point c'est tout
    J'veux d'opéra

    J'veux pas d’frou-frou
    Juste ce mec là
    Point basta

    Car y t'fait
    Boum boum baby, boum boum baby
    Boum boum baby, boum boum baby
    Boum boum baby, boum boum baby
    J'en suis fou......."

    Je vous épargne la suite, vous la connaissez par coeur.

    Vous en avez entendu parler, elle s'est lâchée sur la chanson de Michel de Sardou," les Lacs du Connemara"; pour elle "Le côté scout, sectaire, la musique est immonde. C’est de droite. Rien ne va".

    C'est assez minable, d'abord parce que venant d'une artiste qui n'a qu'une notoriété limitée, ensuite parce que le terme "immonde" est totalement inapproprié et enfin parce que cataloguer politiquement une chanson  (de droite, elle dit) n'a aucun sens.

    Faut-il jeter les 3/4 de l'oeuvre de Léo Ferré au motif qu'elle vante l'anarchie ?

     "Immonde", c'est la bête de Brecht, c'est le stalinisme, c'est l'islamisme de l'EI, d'Al Quaida, de Pinochet et j'en passe mais pas une chanson ou une musique.

    Selon le Larousse le terme immonde signifie "Qui suscite la répugnance par sa malpropreté, sa laideur, qui atteint un degré extrème d’immoralité, de bassesse..."

    On peut ne pas aimer et le dire mais, Mlle Armanet, faites l'effort d'utiliser des qualificatifs mieux adaptés à votre dégoût.

    Il est vrai que c'est sans doute beaucoup demander vu son appétence pour la richesse de la langue (cf.ci dessus "boum boum baby"), là on plane!

    Comparons un peu:

    Le Dernier Jour du disco"

    C'est la fin
    Le tout dernier matin
    Le tout dernier jasmin
    Ne me lâche pas la main
    C'est la fin
    Le soleil au lointain
    S'écroule seul dans son coin
    Ne me lâche pas, je te tiens
    Le dernier jour du disco
    Je veux le passer sur ta peau
    À rougir
    Comme un coquelicot
    Le dernier jour du disco
    Je veux l'entendre en stéréo
    Et te dire
    Qu'y a rien de plus beau
    C'est la fin
    Les statues d'airain
    Coulent dans leur chagrin
    Ne me lâche pas la main
    C'est la fin
    Les rivières du destin
    S'affolent comme du satin
    Ne te lâche pas, je te tiens

     

     

     

     

     

    Terre brûlée au vent
    Des landes de pierres
    Autour des lacs, c'est pour les vivants
    Un peu d'enfer, le Connemara
    Des nuages noirs qui viennent du nord
    Colorent la terre, les lacs, les rivières
    C'est le décor du Connemara
    Au printemps suivant, le ciel irlandais était en paix
    Maureen a plongé nue dans un lac du Connemara
    Sean Kelly s'est dit "je suis catholique", Maureen aussi
    L'église en granit de Limerick, Maureen a dit "oui"
    De Tipperary, Barry-Connelly et de Galway
    Ils sont arrivés dans le comté du Connemara
    Y avait les Connors, les O'Connolly, les Flaherty du Ring of Kerry
    Et de quoi boire trois jours et deux nuits
    Là-bas, au Connemara
    On sait tout le prix du silence
    Là-bas, au Connemara
    On dit que la vie, c'est une folie
    Et que la folie, ça se danse
    Terre brûlée au vent
    Des landes de pierres
    Autour des lacs, c'est pour les vivants

     

    Bon, on voit sans peine que les textes de Mlle Armanet ne sont pas près de faire de l'ombre à ceux de Pierre Delanöe, l'auteur des "Lacs du Connemara" et de tant d'autres chefs d'oeuvre de la variété française.

     Et la musique de "le dernier jour du disco" est elle infiniment plus riche que l'immonde salmigondis de la chanson de Sardou?

    Comme je suis incapable d'en juger, je vous renvoie à l'étude qu'en a fait sur Youtube l'excellent musicien de jazz  Etienne Guéreau dans son émission Piano Jazz Concept; vous en avez pour 19 mn mais la conclusion si vous visez les 3 ou 4 dernières minutes sont édifiantes ; ça claque ici.

    Passons sur la qualification de chanson "de droite" : et alors ? Quand Ferré chante l'anarchie, je m'en "tape" parce qu'il a du texte, de la voix, de la musique ; cette manie de tout cataloguer de droite c'est mal (ça sens trop "l'esstraime drouatte")et de gauche c'est bien forcément, surtout quand on est largement subventionné par l'Etat vache à lait.

    A croire qu'il n'y a que les chansons "de gauche" qui vaillent avec les pétasses qui s'égosillent en crachant sur ceux qui ont du talent .

    Nicéphore en colère.

    (ouf, ça soulage)

    Tiens, ma petite Juliette, bien que je n'ai aucune chanc pour que tu lise un jour ce billet sans importance ni d'autre intérêt d'ailleurs que de soulager ma bile, voici le texte d'une chanson de Léo ferré qui,elle, je te le jure, n'est ni immonde ni de drouate :

    Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
    Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas
    Les anarchistes

    Ils ont tout ramassé
    Des beignes et des pavés
    Ils ont gueulé si fort
    Qu'ils peuv'nt gueuler encore
    Ils ont le cœur devant
    Et leurs rêves au mitan
    Et puis l'âme toute rongée
    Par des foutues idées

    Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    La plupart fils de rien ou bien fils de si peu

    Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
    Les anarchistes

    Ils sont morts cent dix fois
    Pour que dalle et pour quoi ?
    Avec l'amour au poing
    Sur la table ou sur rien
    Avec l'air entêté
    Qui fait le sang versé
    Ils ont frappé si fort
    Qu'ils peuvent frapper encore

    Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    Et s'il faut commencer par les coups d'pied au cul
    Faudrait pas oublier qu'ça descend dans la rue
    Les anarchistes


    Ils ont un drapeau noir
    En berne sur l'Espoir
    Et la mélancolie
    Pour traîner dans la vie
    Des couteaux pour trancher
    Le pain de l'Amitié
    Et des armes rouillées
    Pour ne pas oublier

    Qu'y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    Et qu'ils se tiennent bien le bras dessus bras dessous
    Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout
    Les anarchistes

    Léo Ferré

  • fanfare 5

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    autoportrait...dans le reflet le photographe