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humeur(s) du jour - Page 16

  • Fille de pub

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    le dessin est de miss Gally , qui anime un blog plein de dessins et peu de texte mais beaucoup d'humour et un style un peu décalé avec de la provocation mais sans outrance.
    C'est pas mal;allez y voir, ça ne coûte qu'un cllc sur l'inscription publicitaire que vous voulez ci dessus (plus lisibles chez missgally que sur mon blog) 
    Son adresse pour les pudiques que la pub rebuterait est à : http://www.missgally.com/blog/
    et sa page est du 29 avril 

  • Dali, en passant...

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    Salvador Dali - Don Quichotte 
     
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    Salvador Dali - Don Quichotte 
     
     
    Pourquoi Dali ?
    parce que je l'aime... 

  • Rencontre

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    qui est ce ?
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     seuls au monde
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     anonymes ? 
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    Le baiser - Rodin - Paris -  
    A chacun de leur donner un prénom, elle et lui, lui et elle, Rodin n'en avait cure mais pas ceux qui s'aiment...

  • Phoenicurus ochruros


      Phoenicurus ochruros ou rouge queue noir
     

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    Joli nom pour ce joli petit oiseau qui a élu domicile au printemps sous le porche de la maison dans le nid que les hirondelles avaient construit l'an dernier

     

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    On l'appelle ausi le rossignol des murailles ou le charbonnier :
     
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    Le rouge queue est sans cesse en activité et se signale par son chant, perché sur un promontoire : gouttière, portail, faîte de toit ...à la grande joie des chats de la maisonnée qui le regardent aller et venir en échafaudant des plans sur la comète comme s'ils avaient quelques idées de le croquer !

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    Mais vu leur activité principale, je doute de leurs chances.

     

     

     

    Le rouge Queue noir a un cousin aux moeurs similaires, le rouge queue à front blanc :

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     Le rouge queue noir se nourrit principalement d'insectes, son habitat est européen et s'étage de la plaine et des villes à la montagne, son habitat d'origine:

     

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     La couvée s'agite, j'entends les cris d'alarme du mâle : "hi tec tec-hi tec tec..." un des chats a dû sortir de sa sieste, il est temps de faire un peu la police et de rappeler à l'ordre ces mangeurs de croquettes .

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  • Ce toit tranquille.....

    De passage à Sète sous un soleil d'été, comment empêcher les vers sublimes du cimetière marin de s'égrener en nous en même temps que le pas se fait lourd pour monter les pentes du mont St Clair?

     Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
    Entre les pins palpite, entre les tombes;
    Midi le juste y compose de feux
    La mer, la mer, toujours recommencée
    O récompense après une pensée
    Qu'un long regard sur le calme des dieux!

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    Quel pur travail de fins éclairs consume
    Maint diamant d'imperceptible écume,
    Et quelle paix semble se concevoir!
    Quand sur l'abîme un soleil se repose,
    Ouvrages purs d'une éternelle cause,
    Le temps scintille et le songe est savoir.

     

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    ......................
    Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
    À ce point pur je monte et m'accoutume,
    Tout entouré de mon regard marin;
    Et comme aux dieux mon offrande suprême,
    La scintillation sereine sème
    Sur l'altitude un dédain souverain
     
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     ...............................

    O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
    Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
    Entre le vide et l'événement pur,
    J'attends l'écho de ma grandeur interne,
    Amère, sombre, et sonore citerne,
    Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!

    ................................................

     Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée!
    M'as-tu percé de cette flèche ailée
    Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
    Le son m'enfante et la flèche me tue!
    Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue
    Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!

    ..........

     

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    Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
    L'air immense ouvre et referme mon livre,
    La vague en poudre ose jaillir des rocs!
    Envolez-vous, pages tout éblouies!
    Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
    Ce toit tranquille où picoraient des focs!

    Paul Valery

     Je ne me lasse pas de lire et relire ces vers dont l'hermétisme n'a d'égal que la puissance évocatrice.

    La Grèce avec ses Dieux antiques est là, à nos pieds, sous nos yeux; nul besoin d'y courir sous les chaleurs accablantes de ses saisons trop chaudes car

    "...Une fraîcheur, de la mer exhalée,
    Me rend mon âme . . . O puissance salée!
    Courons à l'onde en rejaillir vivant. ..."

    et revenir, oui..revenir !

    Vous pouvez l'arpenter ici ; le chemin est long, je n'en ai cité que quelques bornes

  • Galop encore

    J'ai l'humeur cavalière  en ces belles journées de printemps...
    et le petit poulain deviendra grand
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    Je l'avais saisi par la bride;
    Je tirais, les poings dans les noeuds,
    Ayant dans les sourcils la ride
    De cet effort vertigineux.

    C'était le grand cheval de gloire,
    Né de la mer comme Astarté,
    À qui l'aurore donne à boire
    Dans les urnes de la clarté;
    ......................
    Moi, sans quitter la plate-longe,
    Sans le lâcher, je lui montrais
    Le pré charmant, couleur de songe,
    Où le vers rit sous l'antre frais.

    Je lui montrais le champ, l'ombrage,
    Les gazons par juin attiédis;
    Je lui montrais le pâturage
    Que nous appelons paradis.

    – Que fais-tu là? me dit Virgile.
    Et je répondis, tout couvert
    De l'écume du monstre agile:
    – Maître, je mets Pégase au vert.

    Victor Hugo - Le cheval  ( Les Chansons des rues et des bois) - extraits

  • Un 8 mai au galop

    Non ce n'est pas un galop vers le monument aux morts pour célébrer l'armistice.

    Le 8 mai 1904, E Eadweard J. Muybridge décédait à 74 ans; on ne se souvient plus tellement de lui; il fut pourtant un des pionniers de la photographie et un des précurseurs de la technique du cinématographe.

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    On lui doit, en particulier, la célèbre étude photographique du cheval au galop:

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    A l'époque une polémique existait sur la course du cheval, certains prétendant qu'au galop il avait toujours au moins un pied qui touchait le sol. Marey, un physiologiste français soutenait le contraire; aussi en 1878, un riche propriétaire de chevaux organisa un concours pour mettre fin au débat.

    Muybridge au moyen de 24 appareils photo disposés le long de la piste de l'hippodrome réalise la série de photos ci dessus qui, en décomposant le mouvement, prouve que le cheval au galop est, pendant un temps, en complète suspension. 

     

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    A la suite de cette première décomposition du mouvement, il entreprit une exploitation systématique de ce procédé. En 1881, il mit au point le zoopraxiscope, projecteur lui permettant de recomposer le mouvement à travers la vision rapide et successive de ces phases décomposées.

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    Jusque là, les artistes ne savaient pas représenter avec exactitude le mouvement des chevaux au galop :

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    Théodore Géricault (1791-1824) - le derby d'Epsom - 1821
    .
    Après Muybridge  leur représentation en fut évidemment transformée .

     

  • de Laure à Henri IV

    Laure dans son gentil commentaire sur " formi...formidable " (cf. le billet du 30 avril ) fait remarquer  (ingénument ?) : "Qu'il est bon de croire qu'une femme puisse avoir autant d'influence sur un homme! ".

    Ne faites pas que le croire, chère Laure, l'histoire est truffée d'exemples qui confirment et illustrent ce que vous suggérez.

    Ainsi de notre bon roi Henri, encore de Navarre et en pleine conquête de son futur royaume qui manqua à plusieurs reprises d'exploiter des succès quasi acquis, non par défaut de clairvoyance militaire - il était fin stratège et le plus grand homme de guerre de son temps - mais tout bonnement par son penchant immodéré pour le beau sexe qu'il conquérait hardiment mais dont il eut à subir trop souvent la néfaste influence ( militairement parlant, mesdames , ne braquez pas derechef vos escopettes contre le pauvre nicéphore).

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     c'est ça, paraît il, une escopette


    Ainsi de la calamiteuse suite de son éclatante victoire de Coutras en octobre 1587 sur les catholiques du duc de Joyeuse qui ,descendant à marches forcées vers le sud ouest, voulait empêcher le Béarnais de faire la jonction avec les troupes de ses alliés, les princes allemands; fort de 8000 hommes et de 2000 cavaliers, Joyeuse fut cependant défait , laissant plus de 3000 morts sur le terrain.

    Que devait faire le Béarnais ? en toute logique militaire, remonter vers le nord où ses alliés allemands l'attendaient du côté de Montargis; le sort des armes lui était favorable et n'aurait pas manqué de lui donner la victoire et d'écraser les forces d'Henri III.

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    Et que croyez vous qu'il fit, chère amie ?

    Rien, il congédia ses troupes pendant un mois pour filer à Nérac , plus au sud où l'attendait la belle Corisande.

    La liaison de Corisande et d'Henri durait depuis 1583 ; Mme de Gramont, duchesse de Guiche avait alors 32 ans; Henri, comme à d'autres, lui promit d'en faire sa reine quand il deviendrait roi - l'assassinat du duc de Guise en 1588 le rapprochait du trône - mais la pauvre Corisande fut bientôt effacée du coeur du Vert Galant par la toute jeune Gabrielle d'Estrées, une intrigante, elle, d'une toute autre envergure.
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    Diane  d'Andouins, comtesse de Gramont, duchesse de Guiche et sa fille
    Le séjour à Nérac ruina tous les espoirs de victoire " tellement qu'au bout de huit jours tous les fruits espérés d'une si grande et signalée victoire s'en allèrent en vent et en fumée, et, au lieu de conquérir, l'on vit toutes les choses dépérir" se lamenta Sully dans ses Mémoires.
    En effet, en huit jours, faute de leur jonction avec le vainqueur de Coutras , les princes allemands furent défaits par Guise près de Montargis, les Suisses se rendirent et, battus à nouveau en novembre par le duc de Guise, les Allemands quittèrent le royaume .
    Henri de Navarre, tout à sa passion, resta à Nérac dans le nid douillet de la belle Corisande jusqu'à la fin de l'année.

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    Henri de Navarre après sa victoire à Coutras (20 octobre 1587)
         
    Cela aurait pu lui servir de leçon ... Que nenni! comme la suite devait le montrer.

    Ainsi du siège de Chartres en 1591 qu'il entreprit pour céder aux caprice de la belle Gabrielle d'Estrées, une des grandes passions de sa vie dont il avait commencé la difficile conquête; Henri était le roi désigné par Henri III, le dernier des Valois, pour lui succéder ce qui ne laissait pas d'attiser l'intérêt de la famille d'Estrées dont la fille n'était rien mieux qu'un placement prometteur .

    Henri III assassiné par Jacques Clément en 1589, encore fallait il conquérir le royaume.

    L'intérêt du futur Henri IV était de créer en Normandie un couloir facilitant l'arrivée des renforts promis par l'Angleterre contre la ligue et les Guise; délaissant le siège de Paris, à cause de l'approche des Espagnols du duc de Parme, son intention était de s'emparer de Rouen.Il choisit de faire le siège de Chartres pour gagner - dit on - les faveurs de la famille d'Estrées .

    Mme de Sourdis  la tante de Gabrielle lui laissa entendre, dit la chronique - que la belle qui se faisait habilement désirer, serait toute à lui si M. de Sourdis, son oncle, retrouvait son gouvernorat de Chartres et si Antoine d'Estrées, le père, récupérait celui de la Fère dont les Ligueurs l'avaient évincé en 1589.

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    Gabrielle d'Estrées - un de ses multiples portraits 

     Chartres céda au bout de deux mois, en avril 1591, Gabrielle très peu de temps après (elle avait déjà cédé à tant d'autres!) quant à M.de Sourdis et à Antoine d'Estrées, ils retrouvèrent leur poste de gouverneur pendant que la logique des armes conduisait le roi à se diriger aussitôt sur Rouen .

    Et que croyez vous qu'il fit ?

    Il s'enferma pendant deux mois avec sa belle dans le chateau familial de Coeuvres au grand dam de ses généraux pour n'en sortir que pour aller faire le siège de Noyon en Picardie, à la demande de sa maîtresse qui voulait que la place soit donnée à son père, siège qui donna le temps aux Rouennais de se fortifier et de faire échouer son entreprise .

     Et voilà comment la petite histoire aide parfois à écrire la grande; il n'est pas seulement bon, chère lectrice, de croire qu'une femme puisse avoir autant d'influence sur un homme, il est fondé de le croire.

     

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     Henri IV (1553-1610)

     

    Evidemment, je joue sur du velours car dans ce registre, choisir l'exemple du bon Roi Henri, c'est un peu tricher; loin de moi l'idée de comparer le comportement et l'influence de la première dame de France à celui de Corisande, de la belle Gabrielle ou encore de la délicieuse abbesse de Montmartre, Catherine de Beauvillier, qui fit les délices du Vert Galant pendant le siège de Paris.

    Pour le salut de son âme, n'en doutons pas ! 

    Comme le disait gentiment le philosophe Fontenelle  (1657-1757 - eh oui, il mourut centenaire) : "la France doit tant aux femmes que pour les Français la galanterie est un véritable devoir de reconnaissance".

  • Vlaminck-Paris Roubaix-de Vlaeminck

     Paris Roubaix 2008 soit 260 km:

    1er : Tom Boonen

    2ème : Fabien Cancellara

    3ème : Allessandro Ballan

     Paris-Roubaix est l'une des plus anciennes courses cyclistes; créée en 1896 par Théodore Vienne après l'ouverture du nouveau vélodrome de Roubaix, elle est considérée comme la reine des classiques et également surnommée 'l"enfer du nord " avec sa cinquantaine de km de routes chaussées de pavés; en bref, elle figure au palmarès des plus grands champions depuis sa création.

    Le vainqueur cette année est un belge, originaire des Fandres,Tom Boonen :

     

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    Maurice de Vlaminck est né en 1876 d'un père flamand et d'une mère lorraine; élève médiocre, il se passionne pour le sport, pratique le violon et découvre la peinture vers l'âge de 15 ans.

    Vlaminck (1876 -1958) :

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    autoportrait 
     

     Maurice de Vlaminck est un des peintres dit "fauve", avec Matisse et Derain, les plus connus; ce mouvement qui en fait n'en est pas un, pas plus qu'il ne forme un groupe, ne durera que quelques années, en gros, de 1905 à 1907; ses tenants ne produiront pas de théorie et le terme de "Fauve" ne désigne pas précisément un style; on pourrait dire plutôt une révolte par la couleur.

    Le Fauvisme est caractérisé par la pratique consistant à étaler la couleur brute telle qu'elle sort du tube, technique qui surprit et même choqua le public et la critique au début du vingtième siècle; lors du salon du 18 octobre 1905, une salle était réservée à des oeuvres de Marquet,  Derain, Vlaminck, Matisse - dont la fameuse toile "la femme au chapeau"- entourant deux scupltures d'Albert Marquet ; cette exubérance de couleurs fit dire au critique Louis Vauxcelles "c'est Donatello chez les fauves "; reprenant le terme dans un article du journal Gil Blas , il consacrait ainsi le terme de fauvisme.

     

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    Matisse - la femme au chapeau -1905 .
     

    et Vlaminck :

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    Vlaminck - remorqueur sur la Seine à Chatou - 1906 

                              Vlaminck devait subir plus tard, comme bien d'autres, l'influence de Cézanne sans pour autant aller jusqu'au cubisme:

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    Cézanne - la mer à l'Estaque - 1886 
     
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    Vlaminck - les Toits rouges - 1912 
     

    Et Tom Boonen, dans tout ça ? Quel rapport entre Tom Boonen et Maurice de Vlaminck ?

    Apparemment , aucun sauf que Tom Boonen en a un avec l'homonyme du peintre, Roger de Vlaeminck

     

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    Roger de Vlaeminck dit "le Gitan" , dit "monsieur Paris Roubaix", le seul coureur a avoir gagné cette épreuve quatre fois en 1972-1974-1975-1977 alors que Tom Boonen ne l'a gagné que deux fois (pour le moment  !).
     
    On est peut être un peu loin de notre fauve, quasi homonyme, Maurice de Vlaminck.
    Pas tant que vous le croyez !
    Maurice de Vlaminck, avant de peindre et de pouvoir vivre de sa peinture était professeur de violon mais avait fait quantité de petits boulots pour faire vivre sa famille et également beaucoup de sport car il était un homme de forte constitution ( 1m80 pour 80 kg - quasiment nicéphore, d'ailleurs), en particulier du cyclisme, d'abord comme amateur puis comme professionnel; sans doute pas très longtemps mais il participa à Paris Roubaix, eh oui ! (nicéphore, cycliste passionné comme vous le savez, ne s'est jamais aligné sur Paris Roubaix, hélas).
     
    Alors, voilà ! en quelle année et quel fut son classement...s'il termina la course ?
    Je n'ai pas pu trouver la réponse  et je m'en remets à vous avec, en prime, un bouquet et un bisou pour la belle lectrice qui me donnera la réponse et, si c'est un lecteur, une chambre à air sans rustine pour lui permettre d'assouvir sa passion s'il est cycliste; s'il ne l'est pas, je me la garde, rien qu'aujourd'hui j'ai percé deux fois .
    Comme quoi, il n'est pas nécessaire de s'aligner sur Paris Roubaix pour vivre la galère du cycliste . 

     

  • mai

    Célébrer mai:

     

    Mai

        Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
        Des dames regardaient du haut de la montagne
        Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
        Qui donc a fait pleurer les saules riverains

        Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
        Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières

        Sur le chemin du bord du fleuve lentement
        Un ours un singe un chien menés par des tziganes
        Suivaient une roulotte traînée par un âne
        Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
        Sur un fifre lointain un air de régiment

        Le mai le joli mai a paré les ruines
        De lierre de vigne vierge et de rosiers
        Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
        Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

    Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

     

    En barque sur le Rhin et ces dames qui "regardaient du haut de la montagne", comment ne pas pas penser à la Lorelei ?

    Die Lorelei

    Ich weiß nicht, was soll es bedeuten,
    Dass ich so traurig bin ;
    Ein Märchen aus alten Zeiten,
    Das kommt mir aus dem Sinn.

    Die Luft ist kühl und es dunkelt,
    Und ruhig fließt der Rhein ;
    Der Gipfel des Berges funkelt
    Im Abendsonnenschein.

    Die schöne Jungfrau sitzet
    Dort oben wunderbar :
    Ihr gold'nes Geschmeide blitzet,
    Sie kämmt ihr goldenes Harr.

    Sie kämmt es mit goldenem Kamme,
    Und singt ein Lied dabei ;
    Das hat eine wundersame,
    Gewaltige Melodei.

    Den Schiffer im kleinen Schiffe
    Ergreift es mit wildem Weh ;
    Er schaut nicht die Felsenriffe,
    Er schaut nur hinauf in die Höh'.

    Ich glaube, die Welten verschlingen
    Am Ende Schiffer und Kahn ;
    Und das hat mit ihren Singen
    Die Loreley getan.

    Heinrich HEINE (1799-1856)

    Ce poème est des plus beaux de la langue allemande et Heine un de ses plus grands écrivains; pour les non germanophones , voici une traduction qui en rendra un peu de sa beauté  mélancolique:

    Mon Coeur, pourquoi ces noirs présages?
    Je suis triste à mourir.
    Une histoire des anciens âges
    Hante mon Souvenir.

    Déjà l'air fraîchit, le soir tombe,
    Sur le Rhin, flot grondant;
    Seul, un haut rocher qui surplombe
    Brille aux feux du couchant.

    Là-haut, des nymphes la plus belle,
    Assise, rêve encore;
    Sa main, où la bague étincelle,
    Peigne ses cheveux d'or.

    Le peigne est magique. Elle chante,
    Timbre étrange et vainqueur,
    Tremblez fuyez! la voix touchante
    Ensorcelle le coeur.

    Dans sa barque, l'homme qui passe,
    Pris d'un soudain transport,
    Sans le voir, les yeux dans l´espace,
    Vient sur l`écueil de mort.

    L´ecueil brise, le gouffre enserre,
    La nacelle est noyée,
    Et voila le mal que peut faire
    Loreley sur son rocher."
     
    Pour tout dire je ne l'aurais pas traduit ainsi : par exemple, les quatre premiers vers:
     
    "Je ne sais pas ce que cela veut dire
    D'être aussi triste
    Une histoire des anciens temps
    Qui me vient à l'esprit "...
     
     
    mais...c'est maladroit car trop près du texte; la traduction complète que je vous livre au dessus est celle de Heine lui même, en 1823, et c'est , à dire vrai, ce que l'on ressent quand on le lit en allemand .
     
     On est loin du Mai, du "joli mai en barque sur le Rhin" de Guillaume Appollinaire.
     
    vraiment ? Apollinaire est souvent mélancolique, lui aussi:
    ....................  
    "Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières...."
     
     
    Archétype de la poésie romantique allemande, Die Lorelei évoque une légende du Rhin; la Lorelei était une belle femme blonde qui chantait du haut d'un rocher qui surplombe le fleuve , près d'un coude de son cours formant un passage assez dangereux pour les bateliers, en amont de St Goarshausen et ce qui doit arriver arrivait : un naufrage; éternel mythe de la sirène et du navigateur , rappelez vous Ulysse et l'île des Sirènes au retour vers Ithaque, mais lui , plus avisé que les bateliers du Rhin, a échappé à leur sort funeste en se faisant attacher au mat après avoir bouché les oreilles de ses matelots avec de la cire.
     
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     c'est là et la Lorelei, c'est elle:
     
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    et dans une représentation romantique :
     
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    Heinrich Heine mériterait un billet tout entier ; on est bien loin du joli mois de mai qui incite plutôt à l'allégresse, mois de Marie pour les catholiques , mois des roses pour les jardiniers, des pavés pour les CRS , des barricades pour les sexagénaires et les nostalgiques de la révolution étudiante et le mois de la mouche pour les pêcheurs de truite.
    Je fourbis mes lignes, j'astique mes bottes , je revois tous les jours l'ordonnancement de ma musette, je les sens , belles, hardies , sauvages et même la Lorelei ne saurait me détourner de ce moment de paradis où, foulant l'herbe du pré, dans l'odeur de la menthe fraiche, je lance tout près du gobage: elle prend, la ligne se tend, mon coeur bat à tout rompre, elle est là sur le pré dans sa belle robe d'or mouchetée de rouge et de noir; délicatement, je décroche l'hameçon piqué sur la corne du bec et je la rends à la rivière.
     Bon, c'est encore un rêve mais si tout va bien... 
     
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      le coup du soir
     
    Qui ne connait la magie d'une rivière au soir qui tombe connait il la beauté du monde? alors que certains vont la chercher loin, en Indonésie, en Thaïlande, aux Maldives où que sais je encore, on la trouve au bout du pré , dans le sous bois , un soir de mai , au bord du torrent .
     
  • Moi, je

    Aucune allusion dans ce qui suit au sujet de l'avant dernier billet (formi...formidable) où j'étais toute révérence pour notre Calife, non, juste le plaisir de partager une lecture illustrée par Marc Chagall dans une édition éblouissante des Fables de La Fontaine:

    le rat et l'éléphant :

      Se croire un personnage est fort commun en France.
    On y fait l'homme d'importance,
    Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois :
    C'est proprement le mal François.
    La sotte vanité nous est particulière.
    Les Espagnols sont vains, mais d'une autre manière.
    Leur orgueil me semble en un mot
    Beaucoup plus fou, mais pas si sot.
    Donnons quelque image du nôtre
    Qui sans doute en vaut bien un autre.
    Un Rat des plus petits voyait un Eléphant
    Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent
    De la bête de haut parage,
    Qui marchait à gros équipage.
    Sur l'animal à triple étage
    Une Sultane de renom,
    Son Chien, son Chat et sa Guenon,
    Son Perroquet, sa vieille, et toute sa maison,
    S'en allait en pèlerinage.
    Le Rat s'étonnait que les gens
    Fussent touchés de voir cette pesante masse :
    Comme si d'occuper ou plus ou moins de place
    Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants.
    Mais qu'admirez-vous tant en lui vous autres hommes ?
    Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ?
    Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,
    D'un grain moins que les Eléphants.
    Il en aurait dit davantage ;
    Mais le Chat sortant de sa cage,
    Lui fit voir en moins d'un instant

    Qu'un Rat n'est pas un Eléphant.

     

    Et voici l'illustration de Marc Chagall:

     

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    J'adore Marc Chagall; je ne suis pas le seul .
     
    D'autres avant lui ont illustré les Fables et vous ne serez pas étonnés d'y retrouver trois des plus grands dessinateurs, litographes et graveurs de notre patrimoine, je veux dire Jean Baptiste Oudry, Grandville et Gustave Doré .
     
     
    Jean Baptiste Oudry d'abord  :
     
     
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    Jean Baptiste Oudry (1689-1755)
     
     

    ensuite  Jean-Ignace-Isidore Gérard, dit J.J. Grandville (1803-1847)

     

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     Grandville c'est lui, il mourut fou à 44 ans :

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     et enfin Gustave Doré (1832-1883)

    J'ai une affinité particulière pour lui car nombre de mes lectures, au temps de l'adolescence , en histoire ou en poésie , étaient illustrées par ses gravures: la Bible, les contes de Perrault , les Travailleurs de la mer de Victor Hugo et, bien sûr, les Fables de La Fontaine .

    Ah, apprendre le Corbeau et le Renard dans un texte illustré par Gustave Doré, c'était du déjà su par coeur avant même d'être arrivé à la fin! est ce à lui que je dois tous mes 10 sur 10 en récitation ?

    le voici :

     

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    Gustave Doré par Nadar
     
     
    Quoique né à Besançon , Gustave Doré , fils de polytechnicien, passa sa première enfance à Bourg en Bresse  (on prononce "Bourque"  et pas "Boure" en Bresse comme les parisiens et les ersatz de journalistes radiophoniques ) où il habitait rue Edgar Quinet , une vieille rue de cette vieille et belle ville, une rue autrefois d'artisans et toute proche du bel hôtel du 18ème siècle de monsieur Marron de Meillonas; on y voit (peut être encore ?) la plaque rappelant le séjour de cet illustre dessinateur.
    Et précisémént un de ses chefs d'oeuvre est l'illustration des Fables de La Fontaine .
     
     
    Voici comme il traita "le rat et l"éléphant" :
     
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     Voyez comme la Fontaine est un observateur perspicace :
     
     
    Se croire un personnage est fort commun en France.
    On y fait l'homme d'importance,
    Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois :
    C'est proprement le mal François.
    La sotte vanité nous est particulière.

     

     
    Et pour revenir à Chagall, le musée de Céret présente en ce moment et jusqu'au 25 mai, une remarquable exposition de ses oeuvres :  "Chagall et la céramique"; ceux qui aiment , précipitez vous y; ceux qui ne connaissent pas , au lieu d'aller en low coast, vous perdre au Sri Lanka, au Basutoland ou même en Grèce, descendez à Céret en Roussillon .
    En Rousillon où, en plus, entre la mer et la montagne, on y boit le vin des Dieux  !
     
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    une céramique de Chagall à Céret 
     
  • Bravo le Stade

    Vous ne serez pas surpris: je hurle : BRAVO LE STADE TOULOUSAIN

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    ....qui s'est qualifié pour la finale de la coupe d'Europe en battant cet après midi les London Irish par 21 à15.

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    je vous l'ai déjà montrée mais on ne s'en lasse pas ! 
    Allez le Stade ! 

     

     

     

  • Formi, formidable

    Il a été formidable , hein ?

    Puisque Carla le dit, après tout....

     

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  • Saint Georges

    Et par Saint Georges , vive la Cavalerie !

     ainsi se termine le toast des cavaliers  mais souffrez, gentilles lectrices, que je ne vous en livre point les premiers termes un peu trop...cavaliers !

    Demain, 23avril,  on fête la Saint Georges, le patron  des cavaliers .

    Moi qui en suis  et eu même l'honneur de servir au 9ème Hussards, je ne vous laisserai pas aller faire vos dévotions sans vous dire un mot de ce saint vénéré...dont l'existence est d'ailleurs pour le moins douteuse mais qu'importe, on va faire comme si et honni soit qui mal y pense !

     

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     - Raphaêl - St Georges - musée du Louvre 
     
    St Georges qui serait né en Cappadoce, est habituellement représenté sur un cheval blanc , avec une armure et une bannière blanche frappée d'une croix rouge .
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    c'est le drpeau de l'Angleterre dont il est le saint patron et vous remarquerez que le drapeau du Royaume Uni est composé des emblèmes des trois couronnes réunies sur la tête du souverain: le drapeau de St Georges, la croix de St André  pour l'Ecosse et celle de St Patrick pour l'Irlande qui, réunis en 1801 , donnérent l'Union Jack actuel :
     
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    Très souvent aussi, une vierge est là, tremblante comme il se doit face à un dragon , mais que le preux chevalier vient sauver in extrèmis;
    on pense à la pauvre Suzie d'Henri Salvador que Zorro vient sauver au dernier moment d'un sort tragique .
     
    En fait son histoire qui remonte au delà du Vème siècle est haute en couleurs: 
    Georges, officier dans l'armée romaine, traverse un jour une ville terrorisée par un redoutable dragon qui dévore tous les animaux de la contrée et exige des habitants un tribut quotidien de deux jeunes gens tirés au sort. Georges arrive le jour où le sort tombe sur la fille du roi, au moment où celle-ci va être victime du monstre. Georges engage avec le dragon un combat acharné ; avec l'aide du Christ, il finit par triompher. la princesse est délivrée et, selon certaines versions, dont celle de la Légende dorée, le dragon, seulement blessé, lui reste désormais attaché comme un chien fidèle.

    Plus tard, Georges est victime des persécutions antichrétiennes de l'empereur Dioclétien. Il subit en Palestine un martyre effroyable : livré à de nombreux supplices (brûlé, ébouillanté, broyé sous une roue, etc.), il survit miraculeusement et finit par être décapité.( réf. wikipédia).

    Saint Georges est le saint patron d'un nombre incalculable de pays, régions ou institutions et des cavaliers, bien sûr, sans lesquels le monde ne pourrait être ce qu'il est,par St Georges !
    Je cite en vrac: la Bourgogne  (non, ce n'est pas Bacchus, comme je l'entends sussurrer mielleusement dans mon dos), les chevaliers de l'ordre du Temple si gentiment carbonisés par le suave Philippe le Bel, les chevaliers Teutoniques  (rappelez vous le chef d'oeuvre d'Eisenstein : Alexandre Newsky)
     
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    et je continue: il est le saint patron de l'Ethiopie, de la Bulgarie,de la Georgie (ben oui!), de l'Angleterre, de Beyrouth; la Russie lui a emprunté une partie de ses armoiries ; il est le patron des scouts et, tenez vous bien (si vous n'êtes pas cavaliers , j'entends) de la gendarmerie belge à cheval, c'est vous dire .
    Et même de la Catalogne,au point que vous en trouvez la trace dans le blason du FC Barcelone :
     
     
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    Comme la Nativité ou l'Adoration des Mages , St Georges a été représenté très souvent depuis les temps les plus anciens de la chrétienté :
     
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    icône de la région de Novgorod début du 14ème siècle 
     
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    Novgorod - début du 15ème siècle 
     
     

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    Carpaccio - Venise  - 1502
     
     
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    le Tintoret - St Georges  - vers 1555-1558 
     
    Curieusement , si le Christ et la Vierge Marie sont représentés  dans la plupart des oeuvres avec des physionomies assez similaires, St Georges, jamais, ses traits sont ceux des contemporains des artistes  comme si, par là, ils voulaient exprimer que le héros est un peu nous même, par delà le temps et les frontières ; en lui donnant simplement les mêmes attributs - la lance , l'étendart, le cheval, la princesse, le dragon - on veut dire que sa représentaton n'est pas ce qui compte mais qu'il est chacun de nous, en nous et que l'extérieur n'a pas autant de sens .
    Je le crois volontiers, je suis moins certain qu'un hussard de Bercheny  (Bercheny, noble hongrois qui mit ses "housards " au service de la France en 1720) en était vraiment conscient :
     
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     écusson du 9ème régiment de hussards
     
    Je reviens à St Georges , sa statue  par Donatello à Florence en 1415 marque un tournant de l'art sculptural par sa maîtrise du relief et de la profondeur que le sculpteur ne cessa d'améliorer toute sa vie; Donatello est le plus grand sculpteur italien de la Renaissance avec Michel Ange
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    Donatello  - (1386-1466) - St Georges - église d'Orsanmichele - Florence - 1416
     
     
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    Paolo Ucello - vers 1455-1460  - National Gallery Londres 
     
     
     
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    Pierre Paul Rubens - vers 1606-1607 - musée du Prado 
     
    Plus tard , vers le début du 17ème siècle , le thème de St Georges s'est tari chez les artistes  jusqu'à l'époque moderne où il fut repris par deux artistes majeurs : Kandinsky et Salvador Dali :
     
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    Wassili Kandinsky (1866-1944)  
     
    et Dali :
     
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    les chevaux sont très présents dans l'oeuvre de Salvador Dali ; j'y reviendrai forcément un jour:
     
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    Dali - un chevalier chrétien - lithographie 
     
     
     Laissons un peu St Georges ( les hussards , nos chevaux, nos.... et ceux qui les montent et par St Georges , vive la cavalerie ), sur l'image de  Val du Chateau, ce merveilleux compagnon :
     
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  • En Arles où sont les Alyscans...

    Un de mes poèmes préférés, que j'aime à me réciter quand...

    vous comprendrez en le lisant...

     

    En Arles

    Dans Arles, où sont les Aliscams,
    Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
    Et clair le temps,

    Prends garde à la douceur des choses.
    Lorsque tu sens battre sans cause
    Ton coeur trop lourd ;

    Et que se taisent les colombes :
    Parle tout bas, si c'est d'amour,
    Au bord des tombes.
     
    Paul Jean Toulet (1867-1920)
     
     
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    Paul Jean Toulet, considéré comme un poète mineur et peu lu, il faut le dire , a laissé une oeuvre aimable et de qualité ; ce poème, le plus connu de lui tant sa musique et la douceur qui s'en dégage nous touchent , cache un peu les autres ; il a écrit son oeuvre à une époque où se développait plutôt , avec le dadaîsme, des formes poétiques libérées du carcan du langage.
    S'inscrivant à contre-courant, il s'est efforcé de revenir à un classicisme de la forme avec des vers courts et maîtrisés - des "contrerimes".
    La "contrerime", forme poétique assez peu usitée au 19ème siècle, est un poème court de trois à cinq strophes de quatre vers qui alternent un octosyllabe avec un hexasyllabe; l'alternance des vers lui permet un jeu de rime assez rare puisque le premier vers rime avec le dernier et les deux vers intérieurs riment entre eux ; ainsi :
     
     
     Avril, dont l'odeur nous augure
    Le renaissant plaisir,
    Tu découvres de mon désir
    La secrète figure.

    Ah, verse le myrte à Myrtil,
    L'iris à Desdémone :
    Pour moi d'une rose anémone
    S'ouvre le noir pistil.
     

    Paul Jean Toulet n'a pas eu la notoriété que la qualité de ses vers méritait, sans doute parce que leur originalité, ses aphorismes, la sobriété de ses poèmes quoiqu'ils fussent finement ciselés, ne s'inscrivaient pas dans les tendances littéraires de son époque . 

    Comme je lui levais sa jupe, curieux

     

    De voir son bas plus rose où le jarret l'affleure,

     

    "Fumez plutôt, mon cher.Fleurter, ce n'est pas l'heure",

     

    Me dit elle immobile, "et soyons sérieux". 

     

    Il n'empêche, comment rester insensible à la douceur des Alyscans quand l'ombre est rouge et clair le temps...
     
    Au fait, les Alyscans, en Arles, vous savez ce que c'est ?
     
    C'est un ancien cimetière qui remonte au moins à l'époque paléochrétienne et dont subsiste notamment une allée ombragée bordée de sarcophages antiques , romains, je crois, pour la plupart. 
     
     
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    Je ne me lasse pas de relire les Contrerimes de Paul Jean Toulet (publiées en 1920), les Chansons , les Dizains; la puissance évocatrice de ses vers , l'originalité de ses rimes et cet air de ne pas être sérieux tout en distillant une douce mélancolie ou une franche allégresse me charment à chaque lecture.

    Pour rester dans cette veine,faites un tour sur le site...d'Aliscan qui m'honore de temps à autre d'aimables commentaires; c'est tout simple: clic sur le lien côté gauche de ce billet et vous vous retrouverez sur "Qui a le temps a la vie" blog "sur le temps et la mélancolie";vous serez, j'en suis sûr, sensibles au charme et à la poésie de son contenu, outre qu'il est fort élégamment présenté, ce qui vous changera du côté rustique des fenêtres nicéphoriennes.

     Et Bella ?

    A Londres je connus Bella,
    Princesse moins lointaine
    Que son mari le capitaine
    Qui n'était jamais là.

    Et peut-être aimait-il la mangue ;
    Mais Bella, les Français
    Tels qu'on le parle : c'est assez
    Pour qui ne prend que langue ;

    Et la tienne vaut un talbin.
    Mais quoi ? Rester rebelle,
    Bella, quand te montre si belle
    Le désordre du bain ?

     
    ou encore... 
     
     
    La première fois

    - " Maman !... Je voudrais qu'on en meure. "
    Fit-elle à pleine voix.
    - " C'est que c'est la première fois,
    Madame, et la meilleure. "

    Mais elle, d'un coude ingénu
    Remontant sa bretelle,
    - " Non, ce fut en rêve ", dit-elle.
    " Ah ! que vous étiez nu... "
     

    Quand je vous disais que Paul Jean Toulet n'était jamais insipide !