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les humeurs de nicéphore - Page 94

  • mai

    Célébrer mai:

     

    Mai

        Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
        Des dames regardaient du haut de la montagne
        Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
        Qui donc a fait pleurer les saules riverains

        Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
        Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières

        Sur le chemin du bord du fleuve lentement
        Un ours un singe un chien menés par des tziganes
        Suivaient une roulotte traînée par un âne
        Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
        Sur un fifre lointain un air de régiment

        Le mai le joli mai a paré les ruines
        De lierre de vigne vierge et de rosiers
        Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
        Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

    Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

     

    En barque sur le Rhin et ces dames qui "regardaient du haut de la montagne", comment ne pas pas penser à la Lorelei ?

    Die Lorelei

    Ich weiß nicht, was soll es bedeuten,
    Dass ich so traurig bin ;
    Ein Märchen aus alten Zeiten,
    Das kommt mir aus dem Sinn.

    Die Luft ist kühl und es dunkelt,
    Und ruhig fließt der Rhein ;
    Der Gipfel des Berges funkelt
    Im Abendsonnenschein.

    Die schöne Jungfrau sitzet
    Dort oben wunderbar :
    Ihr gold'nes Geschmeide blitzet,
    Sie kämmt ihr goldenes Harr.

    Sie kämmt es mit goldenem Kamme,
    Und singt ein Lied dabei ;
    Das hat eine wundersame,
    Gewaltige Melodei.

    Den Schiffer im kleinen Schiffe
    Ergreift es mit wildem Weh ;
    Er schaut nicht die Felsenriffe,
    Er schaut nur hinauf in die Höh'.

    Ich glaube, die Welten verschlingen
    Am Ende Schiffer und Kahn ;
    Und das hat mit ihren Singen
    Die Loreley getan.

    Heinrich HEINE (1799-1856)

    Ce poème est des plus beaux de la langue allemande et Heine un de ses plus grands écrivains; pour les non germanophones , voici une traduction qui en rendra un peu de sa beauté  mélancolique:

    Mon Coeur, pourquoi ces noirs présages?
    Je suis triste à mourir.
    Une histoire des anciens âges
    Hante mon Souvenir.

    Déjà l'air fraîchit, le soir tombe,
    Sur le Rhin, flot grondant;
    Seul, un haut rocher qui surplombe
    Brille aux feux du couchant.

    Là-haut, des nymphes la plus belle,
    Assise, rêve encore;
    Sa main, où la bague étincelle,
    Peigne ses cheveux d'or.

    Le peigne est magique. Elle chante,
    Timbre étrange et vainqueur,
    Tremblez fuyez! la voix touchante
    Ensorcelle le coeur.

    Dans sa barque, l'homme qui passe,
    Pris d'un soudain transport,
    Sans le voir, les yeux dans l´espace,
    Vient sur l`écueil de mort.

    L´ecueil brise, le gouffre enserre,
    La nacelle est noyée,
    Et voila le mal que peut faire
    Loreley sur son rocher."
     
    Pour tout dire je ne l'aurais pas traduit ainsi : par exemple, les quatre premiers vers:
     
    "Je ne sais pas ce que cela veut dire
    D'être aussi triste
    Une histoire des anciens temps
    Qui me vient à l'esprit "...
     
     
    mais...c'est maladroit car trop près du texte; la traduction complète que je vous livre au dessus est celle de Heine lui même, en 1823, et c'est , à dire vrai, ce que l'on ressent quand on le lit en allemand .
     
     On est loin du Mai, du "joli mai en barque sur le Rhin" de Guillaume Appollinaire.
     
    vraiment ? Apollinaire est souvent mélancolique, lui aussi:
    ....................  
    "Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières...."
     
     
    Archétype de la poésie romantique allemande, Die Lorelei évoque une légende du Rhin; la Lorelei était une belle femme blonde qui chantait du haut d'un rocher qui surplombe le fleuve , près d'un coude de son cours formant un passage assez dangereux pour les bateliers, en amont de St Goarshausen et ce qui doit arriver arrivait : un naufrage; éternel mythe de la sirène et du navigateur , rappelez vous Ulysse et l'île des Sirènes au retour vers Ithaque, mais lui , plus avisé que les bateliers du Rhin, a échappé à leur sort funeste en se faisant attacher au mat après avoir bouché les oreilles de ses matelots avec de la cire.
     
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     c'est là et la Lorelei, c'est elle:
     
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    et dans une représentation romantique :
     
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    Heinrich Heine mériterait un billet tout entier ; on est bien loin du joli mois de mai qui incite plutôt à l'allégresse, mois de Marie pour les catholiques , mois des roses pour les jardiniers, des pavés pour les CRS , des barricades pour les sexagénaires et les nostalgiques de la révolution étudiante et le mois de la mouche pour les pêcheurs de truite.
    Je fourbis mes lignes, j'astique mes bottes , je revois tous les jours l'ordonnancement de ma musette, je les sens , belles, hardies , sauvages et même la Lorelei ne saurait me détourner de ce moment de paradis où, foulant l'herbe du pré, dans l'odeur de la menthe fraiche, je lance tout près du gobage: elle prend, la ligne se tend, mon coeur bat à tout rompre, elle est là sur le pré dans sa belle robe d'or mouchetée de rouge et de noir; délicatement, je décroche l'hameçon piqué sur la corne du bec et je la rends à la rivière.
     Bon, c'est encore un rêve mais si tout va bien... 
     
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      le coup du soir
     
    Qui ne connait la magie d'une rivière au soir qui tombe connait il la beauté du monde? alors que certains vont la chercher loin, en Indonésie, en Thaïlande, aux Maldives où que sais je encore, on la trouve au bout du pré , dans le sous bois , un soir de mai , au bord du torrent .
     
  • Moi, je

    Aucune allusion dans ce qui suit au sujet de l'avant dernier billet (formi...formidable) où j'étais toute révérence pour notre Calife, non, juste le plaisir de partager une lecture illustrée par Marc Chagall dans une édition éblouissante des Fables de La Fontaine:

    le rat et l'éléphant :

      Se croire un personnage est fort commun en France.
    On y fait l'homme d'importance,
    Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois :
    C'est proprement le mal François.
    La sotte vanité nous est particulière.
    Les Espagnols sont vains, mais d'une autre manière.
    Leur orgueil me semble en un mot
    Beaucoup plus fou, mais pas si sot.
    Donnons quelque image du nôtre
    Qui sans doute en vaut bien un autre.
    Un Rat des plus petits voyait un Eléphant
    Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent
    De la bête de haut parage,
    Qui marchait à gros équipage.
    Sur l'animal à triple étage
    Une Sultane de renom,
    Son Chien, son Chat et sa Guenon,
    Son Perroquet, sa vieille, et toute sa maison,
    S'en allait en pèlerinage.
    Le Rat s'étonnait que les gens
    Fussent touchés de voir cette pesante masse :
    Comme si d'occuper ou plus ou moins de place
    Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants.
    Mais qu'admirez-vous tant en lui vous autres hommes ?
    Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ?
    Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,
    D'un grain moins que les Eléphants.
    Il en aurait dit davantage ;
    Mais le Chat sortant de sa cage,
    Lui fit voir en moins d'un instant

    Qu'un Rat n'est pas un Eléphant.

     

    Et voici l'illustration de Marc Chagall:

     

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    J'adore Marc Chagall; je ne suis pas le seul .
     
    D'autres avant lui ont illustré les Fables et vous ne serez pas étonnés d'y retrouver trois des plus grands dessinateurs, litographes et graveurs de notre patrimoine, je veux dire Jean Baptiste Oudry, Grandville et Gustave Doré .
     
     
    Jean Baptiste Oudry d'abord  :
     
     
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    Jean Baptiste Oudry (1689-1755)
     
     

    ensuite  Jean-Ignace-Isidore Gérard, dit J.J. Grandville (1803-1847)

     

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     Grandville c'est lui, il mourut fou à 44 ans :

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     et enfin Gustave Doré (1832-1883)

    J'ai une affinité particulière pour lui car nombre de mes lectures, au temps de l'adolescence , en histoire ou en poésie , étaient illustrées par ses gravures: la Bible, les contes de Perrault , les Travailleurs de la mer de Victor Hugo et, bien sûr, les Fables de La Fontaine .

    Ah, apprendre le Corbeau et le Renard dans un texte illustré par Gustave Doré, c'était du déjà su par coeur avant même d'être arrivé à la fin! est ce à lui que je dois tous mes 10 sur 10 en récitation ?

    le voici :

     

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    Gustave Doré par Nadar
     
     
    Quoique né à Besançon , Gustave Doré , fils de polytechnicien, passa sa première enfance à Bourg en Bresse  (on prononce "Bourque"  et pas "Boure" en Bresse comme les parisiens et les ersatz de journalistes radiophoniques ) où il habitait rue Edgar Quinet , une vieille rue de cette vieille et belle ville, une rue autrefois d'artisans et toute proche du bel hôtel du 18ème siècle de monsieur Marron de Meillonas; on y voit (peut être encore ?) la plaque rappelant le séjour de cet illustre dessinateur.
    Et précisémént un de ses chefs d'oeuvre est l'illustration des Fables de La Fontaine .
     
     
    Voici comme il traita "le rat et l"éléphant" :
     
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     Voyez comme la Fontaine est un observateur perspicace :
     
     
    Se croire un personnage est fort commun en France.
    On y fait l'homme d'importance,
    Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois :
    C'est proprement le mal François.
    La sotte vanité nous est particulière.

     

     
    Et pour revenir à Chagall, le musée de Céret présente en ce moment et jusqu'au 25 mai, une remarquable exposition de ses oeuvres :  "Chagall et la céramique"; ceux qui aiment , précipitez vous y; ceux qui ne connaissent pas , au lieu d'aller en low coast, vous perdre au Sri Lanka, au Basutoland ou même en Grèce, descendez à Céret en Roussillon .
    En Rousillon où, en plus, entre la mer et la montagne, on y boit le vin des Dieux  !
     
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    une céramique de Chagall à Céret 
     
  • Bravo le Stade

    Vous ne serez pas surpris: je hurle : BRAVO LE STADE TOULOUSAIN

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    ....qui s'est qualifié pour la finale de la coupe d'Europe en battant cet après midi les London Irish par 21 à15.

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    je vous l'ai déjà montrée mais on ne s'en lasse pas ! 
    Allez le Stade ! 

     

     

     

  • Formi, formidable

    Il a été formidable , hein ?

    Puisque Carla le dit, après tout....

     

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  • Saint Georges

    Et par Saint Georges , vive la Cavalerie !

     ainsi se termine le toast des cavaliers  mais souffrez, gentilles lectrices, que je ne vous en livre point les premiers termes un peu trop...cavaliers !

    Demain, 23avril,  on fête la Saint Georges, le patron  des cavaliers .

    Moi qui en suis  et eu même l'honneur de servir au 9ème Hussards, je ne vous laisserai pas aller faire vos dévotions sans vous dire un mot de ce saint vénéré...dont l'existence est d'ailleurs pour le moins douteuse mais qu'importe, on va faire comme si et honni soit qui mal y pense !

     

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     - Raphaêl - St Georges - musée du Louvre 
     
    St Georges qui serait né en Cappadoce, est habituellement représenté sur un cheval blanc , avec une armure et une bannière blanche frappée d'une croix rouge .
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    c'est le drpeau de l'Angleterre dont il est le saint patron et vous remarquerez que le drapeau du Royaume Uni est composé des emblèmes des trois couronnes réunies sur la tête du souverain: le drapeau de St Georges, la croix de St André  pour l'Ecosse et celle de St Patrick pour l'Irlande qui, réunis en 1801 , donnérent l'Union Jack actuel :
     
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    Très souvent aussi, une vierge est là, tremblante comme il se doit face à un dragon , mais que le preux chevalier vient sauver in extrèmis;
    on pense à la pauvre Suzie d'Henri Salvador que Zorro vient sauver au dernier moment d'un sort tragique .
     
    En fait son histoire qui remonte au delà du Vème siècle est haute en couleurs: 
    Georges, officier dans l'armée romaine, traverse un jour une ville terrorisée par un redoutable dragon qui dévore tous les animaux de la contrée et exige des habitants un tribut quotidien de deux jeunes gens tirés au sort. Georges arrive le jour où le sort tombe sur la fille du roi, au moment où celle-ci va être victime du monstre. Georges engage avec le dragon un combat acharné ; avec l'aide du Christ, il finit par triompher. la princesse est délivrée et, selon certaines versions, dont celle de la Légende dorée, le dragon, seulement blessé, lui reste désormais attaché comme un chien fidèle.

    Plus tard, Georges est victime des persécutions antichrétiennes de l'empereur Dioclétien. Il subit en Palestine un martyre effroyable : livré à de nombreux supplices (brûlé, ébouillanté, broyé sous une roue, etc.), il survit miraculeusement et finit par être décapité.( réf. wikipédia).

    Saint Georges est le saint patron d'un nombre incalculable de pays, régions ou institutions et des cavaliers, bien sûr, sans lesquels le monde ne pourrait être ce qu'il est,par St Georges !
    Je cite en vrac: la Bourgogne  (non, ce n'est pas Bacchus, comme je l'entends sussurrer mielleusement dans mon dos), les chevaliers de l'ordre du Temple si gentiment carbonisés par le suave Philippe le Bel, les chevaliers Teutoniques  (rappelez vous le chef d'oeuvre d'Eisenstein : Alexandre Newsky)
     
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    et je continue: il est le saint patron de l'Ethiopie, de la Bulgarie,de la Georgie (ben oui!), de l'Angleterre, de Beyrouth; la Russie lui a emprunté une partie de ses armoiries ; il est le patron des scouts et, tenez vous bien (si vous n'êtes pas cavaliers , j'entends) de la gendarmerie belge à cheval, c'est vous dire .
    Et même de la Catalogne,au point que vous en trouvez la trace dans le blason du FC Barcelone :
     
     
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    Comme la Nativité ou l'Adoration des Mages , St Georges a été représenté très souvent depuis les temps les plus anciens de la chrétienté :
     
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    icône de la région de Novgorod début du 14ème siècle 
     
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    Novgorod - début du 15ème siècle 
     
     

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    Carpaccio - Venise  - 1502
     
     
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    le Tintoret - St Georges  - vers 1555-1558 
     
    Curieusement , si le Christ et la Vierge Marie sont représentés  dans la plupart des oeuvres avec des physionomies assez similaires, St Georges, jamais, ses traits sont ceux des contemporains des artistes  comme si, par là, ils voulaient exprimer que le héros est un peu nous même, par delà le temps et les frontières ; en lui donnant simplement les mêmes attributs - la lance , l'étendart, le cheval, la princesse, le dragon - on veut dire que sa représentaton n'est pas ce qui compte mais qu'il est chacun de nous, en nous et que l'extérieur n'a pas autant de sens .
    Je le crois volontiers, je suis moins certain qu'un hussard de Bercheny  (Bercheny, noble hongrois qui mit ses "housards " au service de la France en 1720) en était vraiment conscient :
     
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     écusson du 9ème régiment de hussards
     
    Je reviens à St Georges , sa statue  par Donatello à Florence en 1415 marque un tournant de l'art sculptural par sa maîtrise du relief et de la profondeur que le sculpteur ne cessa d'améliorer toute sa vie; Donatello est le plus grand sculpteur italien de la Renaissance avec Michel Ange
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    Donatello  - (1386-1466) - St Georges - église d'Orsanmichele - Florence - 1416
     
     
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    Paolo Ucello - vers 1455-1460  - National Gallery Londres 
     
     
     
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    Pierre Paul Rubens - vers 1606-1607 - musée du Prado 
     
    Plus tard , vers le début du 17ème siècle , le thème de St Georges s'est tari chez les artistes  jusqu'à l'époque moderne où il fut repris par deux artistes majeurs : Kandinsky et Salvador Dali :
     
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    Wassili Kandinsky (1866-1944)  
     
    et Dali :
     
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    les chevaux sont très présents dans l'oeuvre de Salvador Dali ; j'y reviendrai forcément un jour:
     
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    Dali - un chevalier chrétien - lithographie 
     
     
     Laissons un peu St Georges ( les hussards , nos chevaux, nos.... et ceux qui les montent et par St Georges , vive la cavalerie ), sur l'image de  Val du Chateau, ce merveilleux compagnon :
     
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  • En Arles où sont les Alyscans...

    Un de mes poèmes préférés, que j'aime à me réciter quand...

    vous comprendrez en le lisant...

     

    En Arles

    Dans Arles, où sont les Aliscams,
    Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
    Et clair le temps,

    Prends garde à la douceur des choses.
    Lorsque tu sens battre sans cause
    Ton coeur trop lourd ;

    Et que se taisent les colombes :
    Parle tout bas, si c'est d'amour,
    Au bord des tombes.
     
    Paul Jean Toulet (1867-1920)
     
     
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    Paul Jean Toulet, considéré comme un poète mineur et peu lu, il faut le dire , a laissé une oeuvre aimable et de qualité ; ce poème, le plus connu de lui tant sa musique et la douceur qui s'en dégage nous touchent , cache un peu les autres ; il a écrit son oeuvre à une époque où se développait plutôt , avec le dadaîsme, des formes poétiques libérées du carcan du langage.
    S'inscrivant à contre-courant, il s'est efforcé de revenir à un classicisme de la forme avec des vers courts et maîtrisés - des "contrerimes".
    La "contrerime", forme poétique assez peu usitée au 19ème siècle, est un poème court de trois à cinq strophes de quatre vers qui alternent un octosyllabe avec un hexasyllabe; l'alternance des vers lui permet un jeu de rime assez rare puisque le premier vers rime avec le dernier et les deux vers intérieurs riment entre eux ; ainsi :
     
     
     Avril, dont l'odeur nous augure
    Le renaissant plaisir,
    Tu découvres de mon désir
    La secrète figure.

    Ah, verse le myrte à Myrtil,
    L'iris à Desdémone :
    Pour moi d'une rose anémone
    S'ouvre le noir pistil.
     

    Paul Jean Toulet n'a pas eu la notoriété que la qualité de ses vers méritait, sans doute parce que leur originalité, ses aphorismes, la sobriété de ses poèmes quoiqu'ils fussent finement ciselés, ne s'inscrivaient pas dans les tendances littéraires de son époque . 

    Comme je lui levais sa jupe, curieux

     

    De voir son bas plus rose où le jarret l'affleure,

     

    "Fumez plutôt, mon cher.Fleurter, ce n'est pas l'heure",

     

    Me dit elle immobile, "et soyons sérieux". 

     

    Il n'empêche, comment rester insensible à la douceur des Alyscans quand l'ombre est rouge et clair le temps...
     
    Au fait, les Alyscans, en Arles, vous savez ce que c'est ?
     
    C'est un ancien cimetière qui remonte au moins à l'époque paléochrétienne et dont subsiste notamment une allée ombragée bordée de sarcophages antiques , romains, je crois, pour la plupart. 
     
     
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    Je ne me lasse pas de relire les Contrerimes de Paul Jean Toulet (publiées en 1920), les Chansons , les Dizains; la puissance évocatrice de ses vers , l'originalité de ses rimes et cet air de ne pas être sérieux tout en distillant une douce mélancolie ou une franche allégresse me charment à chaque lecture.

    Pour rester dans cette veine,faites un tour sur le site...d'Aliscan qui m'honore de temps à autre d'aimables commentaires; c'est tout simple: clic sur le lien côté gauche de ce billet et vous vous retrouverez sur "Qui a le temps a la vie" blog "sur le temps et la mélancolie";vous serez, j'en suis sûr, sensibles au charme et à la poésie de son contenu, outre qu'il est fort élégamment présenté, ce qui vous changera du côté rustique des fenêtres nicéphoriennes.

     Et Bella ?

    A Londres je connus Bella,
    Princesse moins lointaine
    Que son mari le capitaine
    Qui n'était jamais là.

    Et peut-être aimait-il la mangue ;
    Mais Bella, les Français
    Tels qu'on le parle : c'est assez
    Pour qui ne prend que langue ;

    Et la tienne vaut un talbin.
    Mais quoi ? Rester rebelle,
    Bella, quand te montre si belle
    Le désordre du bain ?

     
    ou encore... 
     
     
    La première fois

    - " Maman !... Je voudrais qu'on en meure. "
    Fit-elle à pleine voix.
    - " C'est que c'est la première fois,
    Madame, et la meilleure. "

    Mais elle, d'un coude ingénu
    Remontant sa bretelle,
    - " Non, ce fut en rêve ", dit-elle.
    " Ah ! que vous étiez nu... "
     

    Quand je vous disais que Paul Jean Toulet n'était jamais insipide !

     

     

     
  • triste fin

    On voit de tout dans un port; c'est le bout de la route pour ce fier navire; même la lumière de l'été n'effaçait pas la tristesse de cette fin annoncée...

     

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    Il se sera perdu le navire archaïque aux mers où baignèrent mes rêves éperdus;

    et ses immenses mâts se seront confondus dans les brouillards d’un ciel de bible et de cantiques.

    Un air jouera, mais non d’antiques bucolique, mystérieusement parmis les arbres nus; et le navire saint n’aura jamais vendu la très rare denrée aux pays exotiques.

    Il ne sait pas les feux des havres de la terre. Il ne connait que Dieux,

    et sans fin solitaire, il sépare les flots glorieux de l’infini.

    Le bout de son beaupré plonge dans le mystère.

    Aux pointes des ses mâts tremblent toutes les nuits, l’argent mystique et pur de l’étoile polaire.

    Antonin Artaud 1913

     
  • reflets de fanfares

     

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     Musique dans ce billet

     

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    fanfare ou batterie fanfare ou harmonie ?
     
     
     

     Une fanfare est un ensemble de musiciens dont les instruments sont exclusivement des cuivres accompagnés occasionnellemnt de percussions.

    La batterie-fanfare est un type de fanfare historiquement composée uniquement d’instruments d'ordonnance : clairons, trompettes de cavalerie et tambours ainsi que de cors de chasse.
    Seuls les instruments à sons naturels, c’est-à-dire dont la note est formée par le musicien sans l'utilisation d'aucun mécanisme (piston, clef, coulisse ...) sont admis.

    Un orchestre d'harmonie (ou harmonie) est un ensemble musical regroupant la famille des bois, la famille des cuivres et la famille des percussions, (à ne pas confondre avec la fanfare formée uniquement de cuivres et de percussions). Son répertoire comporte beaucoupd'arrangements, mais certains compositeurs ont écrit et mis en valeur cette formation.

    Elles animent la cité, on se plait à les écouter, on fredonne en cadence, on se mire dans le reflet des cuivres, un air de fête , hiver comme été :

     

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    là, c'est sur un pont mais sur quelle rivière ?
     
     
     
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     Changement de décor : on est sous la colline de Fourvière
     
     
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    et devant la primatiale St Jean que le cor reflète
     
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    et on voit de tout dans ces reflets, même le photographe...:
     
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    eh oui, c'est moi...
     
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    j'avoue, c'est narcissique !
     
     
     
     
    et merci à eux ... 
     
     
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  • on dégraisse

     

    J'aime assez cette sereine évocation  de certains de mes congénères:

     

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    "Parmi les principales mesures annoncées dans le cadre de la réforme de l'Etat, 35 000 postes de fonctionnaires partant à la retraite en 2009 ne seront pas remplacés, contre 23 000 en 2008. Cette mesure pourrait entraîner un gain de productivité de 5 %."

    Citation journalistique ( source : service de presse de Matignon). 

     

    On rigole, on peut, non ?  pas des fonctionnaires mais de la productivité annoncée... vous supprimez X emplois, vous laissez à ceux qui restent les mêmes charges et la productivité augmente de 5%: magique , n'est il pas ?

     

    Alors ce n'est pas 35 000 de ces bons à rien qu'il faut ne pas remplacer mais 70 000 et on aurait alors + 10 % de productivité.

    Système bréveté AGDG (Avec Garantie Du Gouvernement ) 

      

  • Gare aux Gallois

    Une fois n'est pas coutume, je ne suis pas rassuré; le Stade Toulousain rencontre au Stadium les Gallois des Cardiff Blues emmenés par l"ancien stadiste et ex capitaine de l'équipe de Galles, l'excellent Gareth Thomas

    Comme les Toulousains n'ont pas particulièrement brillé ces derniers temps, j'hésite à parler de laminage, d'essorage et autres actions nettoyantes, brossantes ou décapantes.

    Disons qu'une simple victoire par 30 points d'écart serait de nature à me rasséréner....

    Et puis j'ai de la sympathie pour ces Gallois: c'est eux qui ont éliminé le stade français de la compétition, ! Nice, isn'it ? 

     

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    Bon, qu'à cela ne tienne: Allez le Stade !! 

     

  • Epitaphe

    Je tombe sur l'épitaphe de Mathurin Régnier , un poète de la Renaissance, plus très connu, né à Chartres en 1573 et décédé en 1613 .

      " J'ai vécu sans nul pensement,
    Me laissant aller doucement
    A la bonne loi naturelle,
    Et si m'étonne fort pourquoi
    La mort daigna songer à moi,
    Qui n'ai daigné penser à elle."

     

    C'est assez bien tourné et teinté d'un bel humour surtout pour l'ecclésiastique qu'il était .

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    En 1596, alors qu'il se trouve à Paris, il devient un des poètes attitrés de Henri IV et chante dans ses vers la beauté de Gabrielle d'Estrées, la maîtresse du Roi .

     

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    De celle la, il faudra que je vous reparle, elle mérite plus d'un billet elle et aussi sa soeur la duchesse de Villars .
    Vous voyez qui c'est ?
    mais si ! c'est sa soeur, la dame qui lui pince le téton  dans ce fameux tableau de l'Ecole française , peint vers 1594.:
     
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     Revenons à ce bon Mathurin Régnier.

    Il fut nommé chanoine de la cathédrale de Chartres en 1609 ce qui ne l'empêchait pas de mener bonne vie et bonne chère, fréquentant les cabarets dont la célèbre taverne de la Pomme de Pin et appréciant fort les plaisirs de l'amour.

    S'en étonnera t-on? il fut plusieurs années le secrétaire particulier du Cardinal de ...Joyeuse! 

     Pour autant, il fut le premier poète satirique de langue française et, dit on, un latiniste distingué, grand lecteur des auteurs de son temps, de Montaigne qu'il admirait , de Rabelais et des auteurs de la Pléïade alors qu'il combattit Malherbe dont il détestait la raideur poétique.

    Ses oeuvres les plus connues sont les  19 Satires qu'il écrivit de 1608 à 1613 .

    En voici quelques bribes:

    ..."En forme d'échiquier les plats rangés sur table
    N'avaient ni le maintien ni la grâce accostable
    Et bien que nos dîneurs mangeassent en sergents,

    La viande pourtant ne priait point les gens..."
     
     Si ça vous dit, lancez vous, ça vous changera de vos gazettes ou des manifestes des candidats aux municipales...

     Outre ses Satires, il écrivit, pour Henri IV en particulier des Elégies

     C'est lui qui disait aussi :

    " Estimez vos amants selon le revenu."

    ou encore : " ...car c'est honte de vivre et de n'être amoureux..."

    et même : "le sage sait se vendre où la sotte se donne..."

    mais , mieux : " nous sommes du bonheur de nous mêmes artisans et fabriquons nos jours ou fâcheux ou plaisants "... 

     Sa popularité ne se démentit guère jusqu'au 19ème siècle; Alfred de Musset lui rendit d'ailleurs un bel hommage dans son poème  "Sur la Paresse "

     

             « Oui, j’écris rarement, et me plais de le faire.         
            « Non pas que la paresse en moi soit ordinaire,         
            « Mais, sitôt que je prends la plume à ce dessein,         
            « Je crois prendre en galère une rame à la main. »        
             Qui croyez-vous, mon cher, qui parle de la sorte ?         
             C’est Alfred, direz-vous, ou le diable m’emporte !         
             Non, ami. Plût à Dieu que j’eusse dit si bien,          
            Et si net, et si court, pourquoi je ne dis rien !        
            L’esprit mâle et hautain dont la sobre pensée          
            Fut dans ces rudes vers librement cadencée       
            (Otez votre chapeau),   c’est Mathurin Regnier,        
           De l’immortel Molière immortel devancier,         
            Qui ploya notre langue, et dans sa cire molle         
            Sut pétrir et dresser la romaine hyperbole ;         
            Premier maître jadis sous lequel j’écrivis,          
            Alors que du voisin je prenais les avis,        
            Et qui me fut montré, dans l’âge où tout s’ignore,         
             Par de plus fiers que moi qui l’imitent encore ;"         
             .........................................          

     Allez, encore un effort, je vous inflige quelques vers de la Satire X et puis vous laisse en paix:

     Ô Muse ! je t'invoque : emmielle-moi le bec,
    Et bandes de tes mains les nerfs de ton rebec.
    Laisse moy là Phoebus chercher son avanture,
    Laisse moy son b mol, prend la clef de nature,
    Et vien, simple, sans fard, nue et sans ornement,
    Pour accorder ma flute avec ton instrument.

     

    J'aime assez l'accord de la flute avec l'instrument ...quand je vous disais que le bon Mathurin avait cotôyé le cardinal de Joyeuse et fréquenté la taverne de la Pomme de Pin chère à François Villon ....et à Georges Brassens

  • Trois fois rien

    Pour sourire, à propos du voyage d'Angela Merkel en Israël :

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    dessin extrait de bakchiche.com

     

  • Allez le Stade

    Le Stade Toulousain rencontre  ce soir le Stade rançais au Stade de France j'espère que les noirs et rouges vont laminer les parisiens même si l'équipe de Guy Novès es composée en majorité de réservistes.

     

     

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    Qu'ils les pilent et les essorent !!

    Allez le Stade !!

     

  • Des matins qui chantent

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    Surprise 
     
     Mais qui peut vraiment se satisfaire de ces élections : le nouveau maire de Toulouse, le PS Pierre Cohen
    qui gagne de 1209 voix avec 38 % d'abstentions?
    Quel plébiscite ; et c'est pareil dans bien des communes; les électeurs sont ils autant intéressés par la gestion locale 
    qu'on n'a cessé de nous le dire tout au long de la campagne électorale ,
    C'est à voir . 
     
     
     
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  • lessive

    Ce qui suit n'est pas de moi, je l'emprunte textuellement à Philippe Bilger dont le blog est référencé en marge du mien et dont je vous recommande la lecture pour des tas de raisons, la hauteur de vue et l'intellignece de ses billets n'étant pas les moindres.

     Philippe Bilger - billet du 11 mars 2008:

     

    "Marion Cotillard est une formidable actrice mais elle aurait du se taire.

    Si seulement son contre-exemple pouvait être contagieux ! Si tous ceux qui n'ont rien à dire en politique, en art ou en culture acceptaient de faire silence, le monde serait plus beau, plus riche, moins vain.

    Si Claire Chazal était moins interviewée, je ne crois pas que l'intelligence universelle en serait amoindrie.

    Alain Finkielkraut devrait prendre garde. Il risque d'être institutionnalisé comme contradicteur de service.

    Si les commentateurs sportifs nous laissaient tranquillement regarder les images, il y aurait moins de bruit et de platitudes. Aimé Jacquet, par exemple, est pathétique.

    Si les hommes et les femmes politiques le soir des élections changeaient leur "logiciel", selon l'expression heureuse de Laurent Fabius, on ne pourrait pas inventer leur discours et on serait ravi d'aller avec eux jusqu'au bout de la soirée. Vivement le 16 mars pour pouvoir constater le changement. Ou plonger, tristement, dans la monotonie !

    Si on demandait seulement aux acteurs de jouer, aux chanteurs de chanter et aux journalistes de transmettre, l'univers serait plus cohérent et la vie plus harmonieuse.

    Pourquoi les êtres n'ont-ils qu'une envie, celle de faire les importants et de devenir importuns. Quand Enrico Macias grattait sa guitare, il avait des admirateurs. Comme conscience politique, il fatigue.

    Il y en a tant qu'on a trop supporté, entendu. On en a assez. Les histrions, les minables, les vulgaires, les grandes gueules, les complaisants à l'égard des puissants, les briseurs de faibles, les vaniteux, les arrogants, certains ministres, quelques intellectuels. Tous ceux qui parlent pour ne rien dire. Qui écrivent pour ne rien risquer. Qui s'abritent et qui prospèrent.

    Il faudrait une immense machine à laver, à régénérer. Pour que l'existence prenne d'autres couleurs.

    Et la société une autre allure. Moins d'argent, plus de talent. Moins de positions, plus de mérite. Le sentiment d'un peu de justice. Et, surtout, la croyance en un destin.

    Sinon, la lassitude va nous gagner. Les mêmes têtes, les mêmes mots, les mêmes banalités. Avec les meilleurs dans l'ombre.

    Pourquoi la lumière se trompe-t-elle si souvent ? "

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    Eternelle question....