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les humeurs de nicéphore - Page 105

  • Gaultier, Madonna, Mondino

    Mes belles lectrices n'auront pas laissé passer ce superbe numéro du Figaro Madame de la semaine dernière; la mode  - façon Jean Paul Gaultier -  est présente sur plus de 30 pages en hommage à ce créateur pour ses 30 années d'activité.

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    Moi non plus , je n'ai pas laissé passer cet article mais pas vraiment pour les mêmes raisons même si j'aime assez les créations de ce couturier génial. Un peu pour Madonna, superbe dans la tenue qu'il lui a créée pour son show équestre mais surtout pour la photographie de Jean Baptiste Mondino, auteur des  30 pages en noir et blanc de l'article .
    Mondino est un des meilleurs photographes de mode  - et d'autres genres aussi - depuis plus de 10 ans .
    Ses images sont un régal ( même sans Madonna; avec , c'est mieux , bien sûr ).
    Je vous en montrerai quelques unes dans un prochain billet; aujourd'hui, restons avec Madame Figaro et Jean Paul Gaultier.
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    Catherine Deneuve - Mondino - Gaultier - 2003
    Les rabat joie pourraient me dire que c'est le numéro de la semaine dernière mais la semaine dernière , mon scanner n'était pas disponible , moi non plus, mais un passage chez le dentiste ou l'esthéticienne et vous le trouverez sans difficulté ; même chez le coiffeur ( tiens , c'est encore mieux : pourquoi pas ?) .
  • Rencontre bleue

    Au hasard des ruelles, un spectateur étonné et curieux , un peu effarouché :

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    et de beaux yeux verts :
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    "Les amoureux fervents et les savants austères
        Aiment également, dans leur mûre saison,
        Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
        Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
         ..............
    Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
        Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
        Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques."
    Les Chats  - Baudelaire 

     

  • La belle cordière encore

     

    Encore Louise Labé dite la Belle Cordière.

    Lyon a donné son nom à une rue mais en le contractant : rue Bellecordière au lieu de rue de la Belle Cordière;pouvais je mieux tomber ? après la Belle Paule  dans la ville rose , la rue de Louise Labé: au moins, chaque matin, à l"heure d'entamer le dur labeur du jour , trouverai je dans cette évocation un petit sursaut d'énergie ...

    Là, c'est le bout de la rue quand on la prend à l'envers: le clocheton est celui des Hospice civils, le bâtiment historique des anciens hopitaux .

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     Un petit retour sur la belle Paule:

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    Fresque de Rachou - salle des Illustres - le Capitole - Toulouse 
     
    et à nouveau la Belle cordière 
     
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    dont je vous livre quelques vers de son élégie sur le baiser... ah, qu'elle devait en donner de savoureux pour en parler si bien!
     
    La Bouche 
     
    Bouche belle,Bouche bénigne,
    Courtoise,clère, coralline ,
    Doulce, de myne désirable .
    Bouche à tous humains admirable,
    Bouche quand premier je te vey
    Je fus sans mentir tout ravy,
    Sur le doux plaisir et grand ayse
    Que reçoit l'autre qui te baise:
    .................
    Bouche se mourant d'un baiser,
    Pour toute douleur appaiser,
    Bouche riant, plaisante bouche,
    Qui baille devant qu'on la touche.
    etc....... 
     
    Ne vous privez pas,Belles Lectrices,de lire cette élégie de bout en bout; elle contient tout le sentiment amoureux et d'un clic sur cette bouche, vous l'aurez en entier.
    Moi, j'en suis tout remué. 
     
  • Baise m'encor', rebaise moi et baise

    Ne fuyez pas, belles lectrices, rien de graveleux dans cette invite car vous avez reconnu les premiers vers du célèbre sonnet  de Louise Labé.

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     Louise Labé , dite la belle Cordière ou encore la Belle rebelle, est née à lyon vers 1520-1526 ; son père était cordier ; elle même fut mariée à un cordier de 30 ans son ainé; ce n'est sans doute pas à lui que s'adressaient les vers brûlants de ce sonnet :

    Baise m'encor, rebaise-moi et baise;
    Donne m'en un de tes plus savoureux,
    Donne m'en un de tes plus amoureux:
    Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

    Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
    En t'en donnant dix autres doucereux.
    Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
    Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

    Lors double vie à chacun en suivra.
    Chacun en soi et son ami vivra.
    Permets m'Amour penser quelque folie:

    Toujours suis mal, vivant discrètement,
    Et ne me puis donner contentement
    Si hors de moi ne fais quelque saillie.

     

    Elle fut, dit on, une grande amoureuse, elle qui se serait donnée à 16 ans à un homme de guerre, si l'on en croit ce qu'elle nous en dit :

    " Je n'avais vu encore seize hivers

     Lorsque j'entrai en ces ennuis divers "

    mais il faut retenir d'elle, outre l'admirable poétesse, la femme étonnante pour son temps qui plaidait pour un plus juste équilibre dans les relations entre les hommes et les femmes et dont les amours nombreuses qu'on lui prêta n'étaient que la volonté et le désir de disposer de sa vie.

    Une des premières, aussi, à donner voix à l'expression féminine de la passion: une femme peut oser déclarer son désir sans attendre de se sentir désirée: 

    "Je vis, je meurs: je me brûle et me noie,
    J'ai chaud extrême en endurant froidure;

     ....."
    et qui disait "le plus grand plaisir qu'il soit après l'amour, c'est d'en parler ".

     D'elle, on pourrait écrire encore beaucoup plus ; laissons nous emporter par la vie qui jaillit de ses poèmes, sensuelle et forte et brûlante de passion exprimée.

     Elle fut une des plus grandes représentantes de l'Ecole lyonnaise de poésie de la Renaissance avec Pernette du Guillet et Maurice Scève .

     

    Elle inspira bien des vers aux hommes qui aimèrent cette femme libre ; bien plus tard, même Aragon :

    Je l'imagine, elle a les yeux noisettes
    Je les aurais pour moi bleus préférés
    Mais ses cheveux sont blonds comme vous êtes
    ô mes cheveux mordorés et dorés

     Mais elle disait si bien l'Amour :

     

    "Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté

    Petits jardins pleins de fleurs amoureuses

    Où sont d'Amour les flèches dangereuses,

    Tant à vous voir mon oeil s'est arrêté !"
    ............. 
  • Car j'ai de grands départs ...

     "Je me suis embarqué sur un vaisseau qui danse
    Et qui roule bord sur bord et tangue et se balance.
    Mes pieds ont oublié la terre et ses chemins;
    Les vagues souples m'ont appris d'autres cadences
    Plus belles que le rythme las des chants humains.

    A vivre parmi vous, hélas! avais-je une âme?
    Mes fréres, j'ai souffert sur tous vos continents.
    Je ne veux que la mer, je ne veux que le vent
    Pour me bercer comme un enfant, aux creux des lames.

    Hors du port qui n'est plus qu'une image effacée,
    Les larmes du départ ne brûlent plus mes yeux.
    Je ne me souviens pas de mes derniers adieux...
    O ma peine, ma peine, où vous ai-je laissée?"

     Jean de la Ville de Mirmont - (L'Horizon Chimérique)

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    "... Car j'ai de grands départs inassouvis en moi."
     Jean de la Ville de Mirmont 
    C'est un grand départ, en effet, qui m'attend vers un horizon que je n'espère pas chimérique , comme ce bateau qui s'enfonce dans la brume, image mélancolique...
    Amis lecteurs, belles lectrices, pendant quelques jours, nomade en errance, mes billets se feront plus rares; mes pensées pour vous le seront bien moins .
  • Champagne

    Non, il ne s'agit pas du vin des rois mais de la province, de la terre avec ses étendues immenses, fertiles et cultivées et de ci, de là, des haies  et quelques bosquets qui barrent l'horizon :

    medium_champagne.jpg
    sur la route de Sézanne
    Plus de 60% du territoire est consacré à l'agriculture; il en reste assez pour la vigne et le nectar qu'elle nous offre.
    ( note du 25 août -  publication retardée) 
  • sonnet à Cassandre

    Un peu de légèreté aujourd'hui ; Guy Béart avait mis en musique et chantait fort bien ce sonnet de Pierre Ronsard:

     

    Pour Cassandre


    Quand au temple nous serons
    Agenouillez, nous ferons
    Les dévots selon la guise
    De ceux qui, pour louer Dieu,
    Humbles se courbent au lieu
    Le plus secret de l'Eglise.

    Mais quand au lict nous serons
    Entrelassez, nous ferons
    Les lassifs selon les guises
    Des amans qui librement
    Pratiquent folastrement
    Dans les draps cent mignardises.

    Pourquoy donque, quand je veux
    Ou mordre tes beaux cheveux,
    Ou baiser ta bouche aimée,
    Ou toucher à ton beau sein,
    Contrefais-tu la nonnain
    Dedans un cloistre enfermées?

    Pour qui gardes-tu tes yeux
    Et ton sein délicieux,
    Ton front, ta lèvre jumelle?
    En veux-tu baiser Pluton
    Là-bas, après que Charron
    T'aura mise en sa nacelle?

    Après ton dernier trespas,
    Gresle, tu n'auras là-bas
    Qu'une bouchette blesmie:
    Et quand mort je te verrois,
    Aux ombres je n'avouerois
    Que jadis tu fus m'amie.

    Ton test n'aura plus de peau,
    Ny ton visage si beau
    N'aura veines ny artères:
    Tu n'auras plus que les dents,
    Telles qu'on les voit dedans
    Les testes des cimeteres.

    Donque, tandis que tu vis,
    Change, maistresse, d'avis,
    Et ne m'épargne ta bouche:
    Incontinent tu mourras,
    Lors tu te repentiras
    De m'avoir esté farouche.

    Ah! Je meurs! Ah! Baise-moy!
    Ah! Maistresse, approche-toy!
    Tu fuis comme un fan qui tremble:
    Au moins souffre que ma main
    S'esbate un peu dans ton sein,
    Ou plus bas, si bon te semble.

    Les meslanges (1555)

    En 1545 , alors qu'il a vingt ans , Ronsard rencontre une jeune fille de treize ans,Cassandre Salviati. Elle va devenir l'amour 'inaccessible' car elle se marie l'année suivante avec le seigneur de Pré.
    Elle sera à Ronsard, ce que Beatrice a été à Dante et Laure à Pétrarque.
    Cassandre va lui permettre de célébrer l'amour platonique.
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      Belles lectrices, ne soyez ni offusquées ni mélancoliques ni rien d'autres que séduites par le talent du poète et si vous avez sous la main une compilation des chansons de Béart, écoutez comment il  traduit finement toutes les nuances de ce sonnet; comment , après, nous faire tant languir ?

     


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  • lavandières

    Parler des lavandières ? 
     
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    et vue par Victor Hugo : 
     

    Sachez qu'hier, de ma lucarne, 

    J'ai vu, j'ai couvert de clins d'yeux,

    Une fille qui dans la Marne

    Lavait des torchons radieux

     

    Je pris un air incendiaire

    Je m'adossais contre un pilier

    Puis je lui dis "O Lavandière"

    Blanchisseuse étant familier

    La blanchisseuse gaie et tendre

    Sourit et, dans la hameau noir

    Au loin, sa mère cessa d'entendre

    Le bruit vertueux du battoir.

    Je m'arrête. L'idylle est douce

    Mais ne veux pas, je vous le dis,

    Qu'au delà du baiser on pousse

    La peinture du paradis.

     

    Victor Hugo

     
     Activité de tous les coins du monde
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    Qu'elle est belle dans son labeur ! 
     
  • Joffre

    Je vous avais promis de parler de Joffre dans ma note du 7 août dernier; voilà, j'y viens, comme promis. En fait, je vais plutôt faire parler l'auteur d'un livre que je viens de lire, paru, je crois, en 2004 sous le titre un rien provoquant de

     

    JOFFRE, L'ANE QUI COMMANDAIT DES LIONS

    Editions Italiques
     
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     Roger Fraenkel nous dit que son but est de " casser menu et réduire en poussière la statue d'un maréchal de France, vampire enflé d'une gloire usurpée et imposteur consacré. "

    Le ton est donné et tout au long du livre, c'est un véritable réquisitoire contre le maréchal Joffre, militaire qui de son vivant fut adulé comme un dieu après la victoire de la Marne en septembre 1914 mais que l'auteur, dans un style percutant de pamphlétaire n'hésite pas à traiter de "parfait crétin" et il le démontre .

    Il semble que le livre soit, en effet, sérieusement documenté et pas par des archives officielles dont on sait qu'elles ont été abondamment truquées en 14-18 pour masquer les erreurs voire l'incompétence du haut commandement .

    En fait, dès la bande annonce , un choc: 300 000 morts en 3 semaines , presque autant qu'à Verdun (Verdun ! ) de février à juillet  1916; tout le monde ou presque l'a oublié tant la victoire de Joffre dans la bataille de la Marne a éclipsé les premières semaines de guerre.

    Mais Joffre est il le vrai vainqueur de la Marne, n'est ce pas plutôt l'intuition et l'insistance de Galliéni qui sont à l'origine de ce recul imposé aux Allemands?

    Quoiqu'il en soit, les faits sont accablants: pas d'artillerie lourde, peu de mitrailleuses, l'offensive à outrance sans utilisation du terrain (ah que c'est beau de mourir en chargeant en gants blancs et en pantalon rouge mais comme c'est vain !), les réserves en réserve alors que l'Allemagne les a immédiatement engagées, un plan inconsistant, et summum de l'incompétence, le refus de prendre en compte le plan allemand, le fameux plan Schlieffen que le 2ème bureau français s'était procuré depuis longtrmps,et que tout l'état major connaissait en détail...

    Etc, etc... 

    Je doutais, avant, des compétences de ce maréchal mais je ne les savais pas à ce point inexistantes ; le livre est démystificateur et malgré quelques outrance, particulièrement pertinent .

    Joffre était originaire de Rivesaltes dans les Pyrénées Orientales, charmante bourgade où je pousse mon vélo parfois au gré de mes sorties; évidemment, sa statue est majestueuse au bout du mail ombragé du centre ville :

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    J'ai demandé au libraire du village s'il avait ce livre en rayon; non, mais il l'a eu; il ne s'est pas beaucoup vendu .
     
    Je vous recommande sa lecture : ce qu'on y découvre est stupéfiant, navrant, affligeant, attristant, renversant, choquant , bouleversant, poignant et, à mon avis, plutôt convaincant.
     Vendu aux alentours de 20 €, allez y, vous ne regretterez pas vos sous ...si vous aimez l'histoire. 
     
    Encore que vous ayiez peut être mieux à faire ou à lire pendant ces mois d'été, ce dont personne ne saurait vous blâmer; pourquoi pas lire une histoire d'amour, par exemple, ou la vivre , après tout, l'été s'y prête assez bien .
     
  • La Vierge

    15.08.2006

    la vierge

     

    Je ré-édite ce billet du 15 août qui inexplicablemnt empêchait les suivants d'apparaître à l'ouverture.

     

    Le 15 août est, pour les chrétiens la fête de la Vierge Marie, la mère de Jésus ; c'est l'occasion de l'évoquer  non pour donner un cours de catéchisme -j'en serais bien indigne - mais pour illustrer la place de la sainte vierge dans l'art par quelques représentations que j'aime beaucoup ou qui donnent d'elle une image un peu différente de celle de nos représentations traditionnelles.

    Avec la crucifixion, la Vierge Marie a été une source d'inspiration majeure dans l'histoire de l'art au moins jusqu'au 16ème  siècle; les épisodes de sa vie ont tous été représentés par les peintres et par les sculpteurs: l'Annonciation, la Nativité, la mère et l'enfant, et la mère devant son enfant mort sur la croix - les pieta - jusqu'à son Assomption dans les cieux qui est justement l'objet de la commémoration du 15 août.

    Bien évidemment, comme une étude en 1O tomes n'y suffirait pas, je vais avancer au gré de mes goûts et sans ordre .

    Commençons par la Madone  Sixtine de Raphaël  peinte entre 1512 et 1513 :

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    Raphael (1483-1520) - la Madone Sixtine - Gemälde Galerie  Dresde 

     

    Elle est surtout connue par les deux chérubins, pensifs et rêveurs qui ornent le bas du tableau; pourquoi sont ils là avec cet air mélancolique ? Daniel Arasse dans son "Histoire de peintures" ( Folio -Essais 2006) avance l'explication suivante : la madone Sixtine présente très exactement le moment de la révélation du dieu vivant ce qui signifie aussi qu'il va mourir et les deux enfants sont la figuration chrétienne des chérubins gardant le voile du temple dans la religion juive: le dieu s'est rendu visible et Raphael laisse à des enfants le soin d'en montrer la caractère tragique : c'est vrai qu'ils ont un air songeur et mélancolique; si Arasse a raison - et pourquoi pas ... il y a de quoi

    Regardez les bien !

     

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    Les représentations de la vierge sont innombrables ; autant s'en tenir à certaines que j'aime bien ou qui la montrent d'une manière moins conventionnelle.
     
    Le costume de Marie jusqu'à la Renaissance au moins et même jusqu'à la fin du 18ème siècle était simple, fait de tissus de couleur unique avec le plus souvent, par convention, du bleu foncé et du rouge, l'un et l'autre alternant entre la tunique et la robe du dessous  ( à voir ci - après ); Bellini et d'autres l'ont  aussi représentée vêtue de noir - voir ci dessous - dans les scènes liées à la mort du Christ. Ce n'est que plus tard, vers la fin du 19ème siècle, avec l'institution du dogme de l'Immaculée conception (1854) et du pélerinage de Lourdes que l'habit est devenu dans l'imagerie uniformément blanc avec un peu de bleu ( enfin, c'est ce qu'il me semble ).
     
    Un exemple pris chez Raphael où l'on a bien du mal à reconnaître la Vierge habituelle: tissu coloré, presque d'allure orientale, une étoffe riche et un siège d'apparat...ça change:
     
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    Raphael - la Madone à la chaise -1513-1514 
     
    Vous croyez regarder le tableau ? détrompez vous, c'est la Madone qui vous regarde d'où le charme voire la fascination qu'il exerce. 
      
     
     
    La vierge et l'enfant, par exemple, a inspiré tous les artistes ; elle est montrée tantôt sous des traits idéalisés:
    medium_memling-_vierge_et_l_enfant-2.jpg
     Hans Memling - vers 1485-90 - Chicago 
     ou encore :
    medium_la_vierge_a_l_enfant_avec_le_petit_st_jean_la_vierge_au_voile_au_diademe_giovani_penni_atelier_de_raphael_Date_vers_1512_-_3.jpg
    Gian Francesco Penni (1488-1528) - la Vierge  au diadème bleu (vers 1512) 
    atelier de Raphaël - musée du Louvre 
     
     
    tantôt sous les traits d'une très belle femme,comme un de nos top modèles contemporain, et dont la beauté n'a rien de religieux
    medium_bellini_-la_vierge_et_l_enfant_benissant2.jpg
     
    Giovanni Bellini (1426-1516 ) - la vierge à l'enfant bénissant (1510)
     
     
    L'Annonciation reste un des thèmes favoris des peintres italiens du Quatrocentto et de la Renaissance; Fra Angelico est sans doute un des plus connus , il en a peint plusieurs dont les plus célèbres sont celles de Cortone (1433-34) et du couvent St Marco à FLorence (1450)
    medium_fra_angelico_-_annonciation_-_Cortone_-_1433-34_.jpg
    Cortone 

     

     

    mais celle que je préfère de lui est aussi au couvent St Marco de Florence; la voici, pure et dépouillée et combien plus émouvante dans sa simplicité:

    medium_fra_angelico_-_anonciation_-_couvent_st_marco_-2.jpg

     Couvent St Marco  - vers 1439-1443

     Une autre annonciation mérite qu'on s'y arrête; là encore c'est Daniel Arasse qui explique et je lui emprunte les observations qui suivent (je n'avais rien remarqué, évidemment ); il s'agit d'une oeuvre d'Ambroggio Lorenzetti , un peintre plus ancien  (1337-1440) un des premiers à esquisser l'ébauche des règles de la perspective (regardez le carrelage):

    medium_lorenzetti_annonciation-1344-2.jpg

    Deux détails sont à remarquer :

    - le geste de l'ange: aucune autre  annonciation ne montre ce geste d'auto stoppeur, tous montrent la vierge la main en avant ou ont les mains jointes; pour  Arasse, c'est une façon pour Lorenzetti de montrer qu'il était conscient de " la valeur fondatrice de ce moment où l'incommensurable [l'incarnation suite de l'annonciation]vient dans la mesure, le fini dans l'infini, le Créateur dans la créature..."

    - la vierge porte une boucle à l'oreille,alors que les jeunes filles vierges justement, à l'époque du peintre, ne devaient pas porter de bijou et que la vierge était pauvre; l'explication est qu'en Toscane, en ce temps là, il avait été décrété que les femmes juives devaient porter quand elles sortaient, des boucles d'oreille pour qu'on les reconnaisse.

     

    medium_lorenzetti_annonciation-boucle_d_oreille.jpg
    ...pas très visible mais elle se devine

     

    Je passe sur la nativité, peu de chefs d'oeuvre la représentant me plaisent vraiment; l'assomption, aussi a été traitée de manière un peu fade , même cette oeuvre, de Goya pourtant:

    medium_Goya_-_Assomption.JPG
    Francisco Goya (1746-1828) le Prado Madrid (1812)
     
     
    C'est dans les Pieta que les artistes ont, à mon avis, réussi à donner le sens le plus chargé d'émotion au symbole chrétien de la vierge Marie; la pietà est un thème de la Vierge douloureuse, tenant sur ses genoux le corps du Christ descendu de croix.
    La plus célèbre est, bien sûr, celle de Michel Ange, chef d'oeuvre absolu de l'Art où la mère, éplorée, est toute de douleur :
    medium_michel_ange_Pieta-1498-99.-2.jpg
     Michel Ange Pieta-1498-99
     
    Mais d'autres me touchent infiniment comme cette vierge de Lamentations du Maître de Moulins  :
    medium_Maitre_de_Moulins_-_Vierge_de_Lamentation.j2.jpg
    Le Maître de Moulins (? activité de 1471 à 1497 )
    la Vierge de Lamentations (vers 1500 ) - Chicago, Art Institute
     
     et surtout cette scène poignante de Giovanni Bellini  " Le Christ mort avec la Vierge et St Jean" réalisé vers 1470:
     
    medium_bellini_giovanni_-_Le_Christ_mort_avec_la_Vierge_et_Saint_Jean_vers_1470.3.jpg
    Giovanni Bellini ( 1426-1516)- Pieta dite Pieta de la Brera (vers 1470)-Pinacothèque de Brera à Milan
     
    et là, tout est dit sur la douleur d'une mère qui pleure son enfant mort .
    medium_bellini_pieta_de_brera_detail_2.jpg
     
    Si vous regardez le tableau de près ( la reproduction ci dessus le coupe un peu en bas, vous verrez sous la main du Christ une inscription illisible sur l'image mais traduite par les spécialistes ; cela donne : 
     
    « hæc fere quum gemitus turgentia lumina promant/Bellini poterat flere Ioannis opus » [« si ces yeux larmoyants pouvaient émettre des gémissements, l'œuvre de Giovanni Bellini pourrait alors pleurer »
    Il s'agit- d'après mes sources documentaires -d'une citation déformée d'une élégie de Properce ( j'avoue que je ne l'aurais pas deviné) et, notez le - c'est invisible sur cette reproduction tronquée en bas, hélas -  la signature est pour la seule fois  -dixit le spécialiste - dans le sens Bellini Giovanni ce qui fait que le prénom est situé juste en dessous de la main du Christ mort et que, toujours d'après ma source documentaire-une goutte de sang coule de cette main sur le prénom Giovanni qui est celui de l"apôtre auprès du Christ mort - Giovanni en italien  c'est Jean  comme l'apôtre du tableau.
    Il faut le voir de près certainement: quand vous irez à la galerie Brera à Milan, prenez une paire de jumelle de spectacle pour regardez ça . 
     
    Notez en passant que cette Pieta est la première, à ma connaissance, qui montre le Christ mort debout au lieu d'étendu sur les genoux de la Vierge. 
     
    Il en a fait d'autres dont celle ci, assez étrange (irruption du paysage derrière la scène principale, ici, peut être des bâtiments de Venise où il était établi ), mais vous remarquerez que sur les deux, la Vierge n'est plus la jeune femme idéalisée mais a les traits d'une femme âgée, une mère d'un fils de 33 ans et ce parti pris de réalisme ajoute encore au caractère poignant de la scène :
     
    medium_bellini_giovanni_-_pieta-_1468-1471.jpg
    Giovani Bellini - Pieta vers 1505 - Gallerie d'ell Accademia - Venise
     
     
    J'en laisse, beaucoup, que vous pourriez préférer ou que vous trouvez plus belles, plus poignantes , mieux peintes, que sais je; j'ai ignoré les vierges de Léonard de Vinci, la plupart de Raphael, les peintres allemands à part cette vierge allaitante de Dürer , tant j'aime Albrecht Dürer:
     
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    A. Dürer  (V. 1471-1528) - Vierge allaitante -Kunsthistoriches Muséum - Vienne
     
    j'ai ignoré les Pieta des primitifs dont la très célèbre Pieta d'Avignon et aussi les oeuvres sculptées  mais là, j'y reviendrai après les vacances et il faudra évoquer aussi les vierges noires, nombreuses et encore vénérées en France ; ce petit billet long n'avait d'autres fins que de donner un modeste aperçu d'un des thèmes iconographiques les plus riches de l'histoire de l'art à l'occasion de la fête chrétienne du 15 août .
     
    Et pour vous permettre de souffler et en guise de transition avant d'autres billets plus légers, voire moins habillés, je vous livre la pub que Kookaï avait commis naguère en pastichant la Pieta :
    medium_15_-_pieta-kookai2.jpg
     

      Demain, il faudra que je vous trouve quelque chose de plus léger ...

    medium_14_-_pieta-kookai1.jpg
  • Soirs d'été

    Je me rattrape avec ce tendre poème de Rimbaud 

     

    Sensation


    Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
    Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
    Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
    Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
    Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
    Par la Nature, heureux- comme avec une femme.

    Arthur Rimbaud

     

    medium_Rimbaud.jpg

    Peinture de Pignon-Ernest 1991

  • amour, désir...

    Même l'eau sait les exprimer comme le montrent ces deux images qui sont de vraies photographies prises à une vitesse d'obturation très élevée par un artiste talentueux dont je n'ai pas noté le nom ( qu'il me pardonne ! ) je salue son talent) :

     

     

    medium_goutte_1.jpg
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    Qui n'aimerait recevoir un baiser de ces lèvres pures comme de l'eau de source ?

     

     

  • chose promise...

    Commentaire du 26 juillet :

    A quand Nicéphore dénudé sur une plage catalane?

    Ecrit par : Adriana | 26.07.2006

    Réponse du même jour:

    Comment rester sourd à une invite aussi aimable ?
    Donc j'y pense; je fouille mes archives photos les plus récentes (pas celles d'il y a 20 ans).

    Ecrit par : nicéphore | 26.07.2006

     

    medium_2536_jcd_de_dos_canet_2006.jpg

    J'ai enlevé le superflu pour me baigner, ensuite.

  • bienvenue sur hautetfort

    Heureux de vous retrouver là et merci de m'avoir suivi depuis le précédent blog où vous pouvez d'ailleurs retourner à votre guise  car il reste en l'état.

    je rappelle son adresse pour les plus acharnés : http://nicephore.blogspirit.com

    Ce changement de plate forme est motivé par la plus grande place offerte par hautetfort, j'avais épuisé l'espace gratuit  de blogspirit et comme je ne me résoud pas à supprimer des pages, il fallait migrer ailleurs .

    La page de garde affiche une autre image que le narcissique autoportrait de l'autre blog;belles lectrices, rien de grivois dans le buste ci dessus, superbe incarnation de la beauté féminine; vous avez reconnu un fragment d'Eve, celle du retable des frères Van Eyck, " l'Agneau mystique" dont je vous avais parlé en mars 2006 et que j'ai présenté dans une modeste galerie où vous pourrez toujours aller vérifier que la plastique sensuelle et émouvante de l'Eve est placée sous les auspices de la plus haute moralité : le Saint Esprit lui même est représenté dans le retable  ( c'est la colombe qui volète au dessus de la vierge - cf. la planche 23).

    medium_vierge.jpg

     

     Ouf !! j'échapperai ainsi aux critiques des pudibonds et autres pisse - froid qui, d'ailleurs, n'ont rien à faire ici .

    Car je ne résiste pas à vous livrer la pulpeuse et experte (en natation) Paméla (vous savez, celle qui surveille la plage de vos vacances, messieurs, du côte de Malibu).

    medium_Pamela_Anderson_16.jpg
    mais je ne vois pas la colombe ?